LE MONDE du 19 août 2010

Le mythe de la Suédoise, blonde jeune fille au pair, a vécu. La mondialisation est passée par là, et la tendance est désormais à l'exotisme. Et si votre prochaine nounou s'appelait Melle Li ? Depuis quelque temps, les Chinoises font une percée remarquée parmi les jeunes qui viennent passer une année dans une famille française.
Michèle Gatefait, de l'agence Napp, à Paris, ne tarit pas d'éloge sur ses nouvelles recrues. "Leurs dossiers sont toujours sympas et altruistes, s'enthousiasme-t-elle. Il y a une fraîcheur, une approche humaine qui ne sont plus aussi fréquentes chez d'autres candidates. Les Européennes, en particulier, ont souvent des exigences très précises : elles veulent Paris intra-muros, des enfants de tel âge, une chambre indépendante, voire un studio, avec toilettes... Mais je ne suis pas un magasin ! Les Chinoises, elles, n'ont pas cette attitude."
DÉCALAGE CULTUREL
Certes, il ne s'agit encore que d'une timide percée, sans commune mesure avec le poids démographique de la Chine. Le site aupair-world.net, qui se présente comme "l'agence online la plus populaire" avance le chiffre de 205 Chinois pour 17 000 inscrits. Sur les 3 000 "au pair" qui arrivent en France via un organisme affilié à l'Union française des agences au pair (Ufaap), une centaine seulement sont chinoises. "Mais, précise Jean-Pierre Deval, vice-président de l'Ufaap, il y a trois ans, il n'y en avait aucune. Elles n'étaient pas prêtes et quand elles arrivaient ici, elles étaient paumées. Aujourd'hui, elles sont bien préparées et les familles qui les accueillent sont contentes."
Certaines d'agences, cependant, ont été échaudées par les tâtonnements du début. "On a arrêté", confie Guillemette Pagezy, de Fée rêvée.
Pas évident, en effet, de tomber dans une famille de trois enfants lorsque l'on a grandi sous le dogme de l'enfant unique. Sans compter "un énorme décalage culturel", le problème de la conduite - "elles ont le permis, mais ne savent pas conduire" - ou les difficultés à obtenir un visa.
Un nouveau "grand bond en avant" de la Chine, version exportation de nounous, n'est peut-être pas pour demain. Encore que... Tous les organismes contactés évoquent le développement rapide d'agences chinoises de placement qui se montrent très pressantes vis-à-vis de leurs homologues françaises.
En attendant, les familles peuvent toujours compter sur les habituées. Les "au pair" venues d'Amérique latine, "chaleureuses, quoique souvent en retard", note Jean-Marc Cressini, de l'agence Oliver Twist, ont trouvé leur place dans les foyers français depuis longtemps. Les Allemandes, "très ponctuelles", se montrent toujours aussi francophiles. Les filles d'Europe de l'Est, "réglo", ont toujours la cote.
Mais celles que tout le monde réclame, les Américaines ou les Anglaises, se font de plus en plus rares. Peut-être à cause de ce malentendu qu'évoque Mme Gatefait : "Les familles les veulent pour apprendre l'anglais aux petits, mais les jeunes filles, elles, viennent pour parler français..."
Benoît Floc'h

Le mythe de la Suédoise, blonde jeune fille au pair, a vécu. La mondialisation est passée par là, et la tendance est désormais à l'exotisme. Et si votre prochaine nounou s'appelait Melle Li ? Depuis quelque temps, les Chinoises font une percée remarquée parmi les jeunes qui viennent passer une année dans une famille française.
Michèle Gatefait, de l'agence Napp, à Paris, ne tarit pas d'éloge sur ses nouvelles recrues. "Leurs dossiers sont toujours sympas et altruistes, s'enthousiasme-t-elle. Il y a une fraîcheur, une approche humaine qui ne sont plus aussi fréquentes chez d'autres candidates. Les Européennes, en particulier, ont souvent des exigences très précises : elles veulent Paris intra-muros, des enfants de tel âge, une chambre indépendante, voire un studio, avec toilettes... Mais je ne suis pas un magasin ! Les Chinoises, elles, n'ont pas cette attitude."
DÉCALAGE CULTUREL
Certes, il ne s'agit encore que d'une timide percée, sans commune mesure avec le poids démographique de la Chine. Le site aupair-world.net, qui se présente comme "l'agence online la plus populaire" avance le chiffre de 205 Chinois pour 17 000 inscrits. Sur les 3 000 "au pair" qui arrivent en France via un organisme affilié à l'Union française des agences au pair (Ufaap), une centaine seulement sont chinoises. "Mais, précise Jean-Pierre Deval, vice-président de l'Ufaap, il y a trois ans, il n'y en avait aucune. Elles n'étaient pas prêtes et quand elles arrivaient ici, elles étaient paumées. Aujourd'hui, elles sont bien préparées et les familles qui les accueillent sont contentes."
Certaines d'agences, cependant, ont été échaudées par les tâtonnements du début. "On a arrêté", confie Guillemette Pagezy, de Fée rêvée.
Pas évident, en effet, de tomber dans une famille de trois enfants lorsque l'on a grandi sous le dogme de l'enfant unique. Sans compter "un énorme décalage culturel", le problème de la conduite - "elles ont le permis, mais ne savent pas conduire" - ou les difficultés à obtenir un visa.
Un nouveau "grand bond en avant" de la Chine, version exportation de nounous, n'est peut-être pas pour demain. Encore que... Tous les organismes contactés évoquent le développement rapide d'agences chinoises de placement qui se montrent très pressantes vis-à-vis de leurs homologues françaises.
En attendant, les familles peuvent toujours compter sur les habituées. Les "au pair" venues d'Amérique latine, "chaleureuses, quoique souvent en retard", note Jean-Marc Cressini, de l'agence Oliver Twist, ont trouvé leur place dans les foyers français depuis longtemps. Les Allemandes, "très ponctuelles", se montrent toujours aussi francophiles. Les filles d'Europe de l'Est, "réglo", ont toujours la cote.
Mais celles que tout le monde réclame, les Américaines ou les Anglaises, se font de plus en plus rares. Peut-être à cause de ce malentendu qu'évoque Mme Gatefait : "Les familles les veulent pour apprendre l'anglais aux petits, mais les jeunes filles, elles, viennent pour parler français..."
Benoît Floc'h