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Voitures électriques chinoises : l’Europe dit « oui » aux surtaxes


4 octobre 2024

Les pays membres de l’Union européenne ont donné leur feu vert à l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques « made in China ».

Article : Alors que la filière automobile du Vieux Continent traverse une crise, les pays membres de l'UE ont décidé, au terme d'une réunion ce vendredi matin, d'imposer des droits de douane supplémentaires aux véhicules électriques importés de Chine. Cette proposition de la commission « a obtenu le soutien nécessaire », souligne l'institution dans un communiqué. Celle-ci a désormais le champ libre pour mettre en œuvre ces droits de douane allant jusqu'à 35% sur les voitures chinoises, qui s'ajouteront à une taxe de 10% déjà effective. Ceux-ci doivent entrer en vigueur au plus tard le 30 octobre prochain.

Dans le détail, dix pays membres de l'UE ont donné leur feu vert à cette mesure. On y retrouve, sans surprise, la France et l'Italie. Mais cinq pays ont voté contre, dont l'Allemagne. Berlin craint des mesures de rétorsion de Pékin. L'empire du milieu constitue, de loin, le premier marché à l'export pour ses constructeurs automobiles, à commencer par Volkswagen, le numéro un européen. Pas moins de douze pays se sont, en revanche, abstenus.

Berlin redoute une « guerre commerciale »

Dans la foulée de cette décision, Pékin a, sans surprise, dit tout le mal qu'il en pensait. Le ministère chinois du Commerce a fustigé des « pratiques injustes, non conformes et déraisonnables ». Avant de se fendre d'un avertissement, précisant qu'il « préserverait les intérêts des entreprises chinoises ». Même son de cloche pour le constructeur Geely, qui a fait part de sa « grande déception ». Cette décision risque, selon lui, « d'entraver les relations économiques et commerciales entre l'UE et la Chine ». Craignant des représailles pour sa puissante industrie automobile, Berlin a, de son côté, appelé l'Europe à éviter toute « guerre commerciale » avec l'empire du Milieu.

Bruxelles considère que ces nouvelles taxes constituent un impératif pour rétablir une concurrence équitable avec les constructeurs chinois, accusés d'être massivement subventionnés. L'Europe redoute, en particulier, une déferlante de leurs voitures électriques. Sachant que la Chine dispose d'une avance qui ne fait pas débat dans cette technologie, et en particulier dans les batteries. Ce qui permet aux constructeurs de l'empire du Milieu d'afficher des prix très inférieurs à ceux de leurs homologues européens.

Les surtaxes supplémentaires s'élèveront, in fine, à 7,8% pour Tesla. Le groupe d'Elon Musk fabrique, en effet, ses Model 3 et Y à Shanghai. Les voitures de BYD, un des constructeurs les plus agressifs sur le Vieux Continent, seront eux surtaxés à hauteur de 17%. Celles de Geely et SAIC (qui contrôle la marque MG) écoperont d'une surtaxe de 35,3%.

La porte n'est pas fermée

La Chine n'a pas ménagé ses efforts, ces derniers mois, pour influer le vote du jour. Dénonçant une démarche « protectionniste », Pékin a répondu en lançant des enquêtes anti-dumping visant les importations de porc, de produits laitiers, ou encore de cognac. Cette offensive a porté ses fruits - Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, initialement favorable aux surtaxes, a notamment retourné sa veste après un voyage en Chine le mois dernier. Mais elle n'a pas suffi.

Cela dit, les droits de douane européens restent modérés par rapport à ceux imposés par les Etats-Unis ou le Canada, qui s'élèvent à 100%. En outre, les constructeurs chinois les ont anticipés. Pour les contourner, beaucoup réfléchissent à fabriquer leurs voitures directement en Europe. Geely, par exemple, songe à ouvrir une usine en Pologne. BYD entend pour sa part produire des voitures à Szeged, en Hongrie, dès l'année prochaine. La Turquie, qui bénéficie d'un accord d'union douanière avec l'UE, pourrait prochainement accueillir des usines chinoises. Autrement dit, même avec ces nouvelles taxes, la porte n'est pas fermée pour l'industrie automobile chinoise.

« Monter des partenariats »

Dans l'Hexagone, la filière accueille plutôt favorablement l'initiative de Bruxelles. « Il faut être ferme sur les sujets de concurrence, et la Commission européenne a raison de mettre ces sanctions sur la table », a déclaré ce mercredi Luc Chatel, le président de la la Plateforme automobile (PFA), le lobby du secteur. « L'an dernier, une voiture électrique sur trois vendue en France etait produite en Chine », a-t-il insisté. Luc Chatel considère, toutefois, qu'« il va falloir monter des partenariats avec les Chinois », mais « avec des règles bien établies ». La France a selon lui à y gagner. L'ancien ministre rappelle que l'industrie automobile européenne a résisté à la vague des voitures japonaises dans les années 1970. Il estime que le pays a su tirer son épingle du jeu en permettant notamment à Toyota de bâtir une usine à Valencienne, la plus grande de l'Hexagone, qui produit notamment la Yaris Cross.

Luca de Meo partage globalement cette ligne. Aux yeux du patron de Renault, il est nécessaire de trouver « des compromis avec les Chinois ». Le dirigeant juge qu'ils peuvent « apporter beaucoup » à l'Europe en matière de technologie, mais aussi sur le front des matières premières indispensables à la fabrication des batteries. Stellantis, de son côté, n'a pas hésité à toper avec le chinois Leapmotor pour commercialiser sur le Vieux Continent sa citadine T03 et son SUV C10, tous deux assemblés en Pologne. Carlos Tavares, le patron du géant franco-italo-américain, considère qu'il a, d'une certaine manière, plus à gagner à s'associer à des constructeurs de l'empire du Milieu plutôt que de se lancer dans un féroce bras de fer avec eux.


 
Si on avait interdit les delocalisations et transferts de technologie il y a 20 ans, on n'en serait pas aujourd'hui a interdire les voitures chinoises :rolleyes:
 
Dernière édition:
Je me demande si les Dacia electriques fabriquees en Chine seront impactees par les surtaxes. Sans doute que oui. Mauvaise pioche pour Renault.
 
L'industrie automobile slovène cherche à renforcer ses liens avec la Chine dans le cadre de la transition verte

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Katja Kodba/STA/Handout via Xinhua

LJUBLJANA, 8 octobre (Xinhua) -- Les fournisseurs slovènes de pièces détachées automobiles ont présenté leurs offres mardi lors d'une réunion visant à favoriser une coopération commerciale plus étroite avec les constructeurs automobiles chinois.

Communique
: L'événement, organisé à Ljubljana, s'est concentré sur le renforcement des liens entre les deux nations dans le secteur automobile.

"L'industrie automobile mondiale se trouve à un tournant historique en raison de la transition vers une société neutre en carbone", a déclaré le ministre slovène de l'Economie Matjaz Han. Il a souligné que si ce changement présente des défis, il ouvre également de nombreuses opportunités commerciales.

M. Han a noté que la Slovénie était l'un des rares pays de l'UE à s'opposer à la récente pression de la Commission européenne en faveur des droits de douane sur les véhicules électriques chinois. "Nous avons pris cette décision non pas pour la Chine, mais pour la Slovénie", a-t-il expliqué. "Après des consultations avec les acteurs de l'industrie et nos principaux partenaires, nous avons pris ce que je crois être la seule bonne mesure à ce moment".

L'ambassadeur de Chine en Slovénie, Wang Shunqing, a également assisté à l'événement, exprimant l'espoir d'une coopération accrue dans le secteur automobile. Il a encouragé les constructeurs automobiles chinois à renforcer leurs liens avec les entreprises slovènes et à améliorer leurs échanges.

« J'espère que la Slovénie, en tant que membre de l'UE, continuera à jouer un rôle constructif dans la promotion d'une coopération Chine-UE stable et saine », a ajouté M. Wang.

L'industrie automobile slovène, composée d'environ 400 entreprises et employant plus de 40 000 personnes, représente 10 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon le ministère de l'Économie, du Tourisme et des Sports. Près de 40 entreprises slovènes ont participé à l'événement.

Les fabricants de pièces détachées automobiles slovènes produisent une large gamme de composants, notamment des phares, des rotors et des commutateurs. « Notre objectif est de renforcer les partenariats en combinant les meilleures compétences techniques et les capacités de production avancées de la Slovénie avec les technologies innovantes de nos partenaires internationaux », a déclaré M. Han.

Des représentants des constructeurs automobiles chinois Nio, Jiangling Motors, Tam-Europe et ATTC ont assisté à la réunion et visiteront plusieurs fabricants de pièces détachées automobiles slovènes dans les prochains jours.


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Automobile : l'inquiétude grandit autour des usines Michelin


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9 octobre 2024

L'entreprise auvergnate est pénalisée par la crise automobile. L’avenir de trois sites du groupe (Cholet, Vannes et Tours) inquiète fortement les salariés. Une réunion entre direction et syndicats se tenait ce mercredi après un droit d’alerte économique lancé en juin. D’autres usines Michelin vont connaître, dans le même temps, des fermetures temporaires ces prochaines semaines faute d’activité.

Article publié à 17 h 12, mis à jour à 19 h 03]

Situation : Des géants du secteur à la peine comme Stellantis, Volkswagen ou encore Mercedes, qui annoncent des objectifs de résultats à la baisse au deuxième semestre. Des immatriculations qui dégringolent de 11% dans l'Hexagone en septembre sur un an. Voilà qui suffit à dresser le tableau. Les équipementiers automobiles ne sont pas épargnés. Avec au premier chef Michelin et ses pneumatiques.

Cela fait plusieurs mois que les sites du manufacturier auvergnat tournent au ralenti. Notamment dans ses usines de Cholet (Maine-et-Loire), de Vannes (Morbihan) et de Tours (Indre-et-Loire), pour lesquelles les organisations syndicales CGT, CFE-CGC et Sud ont lancé un droit d'alerte économique pour y voir plus clair et analyser les perspectives d'avenir.

Lire aussiAutomobile : les équipementiers redoutent une « lente agonie »

Secafi, le cabinet indépendant mandaté, a rendu les résultats de son rapport ce mercredi lors d'un conseil économique et social central, qui a réuni direction et représentants du personnel. « Les résultats sont alarmants », s'inquiète Nicolas Robert, délégué syndical central Sud Michelin.


« L'usine de Cholet, qui produit des pneus pour camionnettes, a une capacité de production de 5 millions de pneus par an. Cette année, elle n'en produira qu'un peu plus de 2 millions. Même chose l'an prochain », indique le délégué syndical.

« Les courbes de production et d'effectif sur les trois sites ne cessent de baisser sans aucune perspective de remontée. Les usines deviennent moins rentables », complète-t-il ce mercredi. Le rapport Secafi fait, en effet, état d'une baisse production de 40% entre 2021 et 2025 sur le site de Vannes, quand Tours a perdu plus de la moitié de son activité depuis 2017, soit des pertes en volume fortes, structurelles et durables.

« À Cholet, la direction a fait repeindre trois fois certaines machines pour occuper les salariés »

Pour réduire les coûts, l'usine de Cholet est passée de 1.300 salariés à un peu plus de 900 aujourd'hui. Les syndicats dénoncent une absence de vision pour ces sites et un manque de réponses de la direction.

« Les ersatz de solutions alternatives ne font plus illusion. Michelin évoque des formations, de l'activité partielle... À Cholet, la direction a fait repeindre trois fois certaines machines pour occuper les salariés. On en est là ! » s'insurge José Tarantini, délégué syndical central CFE-CGC, syndicat majoritaire du groupe

Le délégué syndical ajoute que « l'attitude de l'employeur face à cette situation n'est pas tenable » : « On peut parler de maltraitance avec des salariés désespérés qui n'ont aucune visibilité ». Sur place, une psychologue est même à la disposition du personnel une journée par semaine.

Crainte d'une restructuration

Pour ces trois sites de l'ouest de la France plane l'inquiétude de plans sociaux et de fermetures. Les syndicats ont tous en tête la décision de Michelin, l'année dernière, de fermer deux usines en Allemagne, à Karlsruhe et à Trêves, et une aux Etats-Unis d'ici 2025.
C'est sans compter le site de la Roche-sur-Yon. L'usine vendéenne de pneus poids-lourds, qui employait 619 salariés, a définitivement cessé son activité en décembre 2020. « Cet été, la direction a fait passer un message disant que l'entreprise était un organisme vivant qui doit s'adapter. Selon nous, ils préparent des annonces », redoute Nicolas Robert de Sud Michelin, qui dénonce une absence de dialogue social.


« Michelin ne s'engage jamais sur la pérennité des sites. Il faut être raisonnablement inquiet et surtout passer à l'action. Cela fait des mois que l'on réclame des discussions. Il faudrait travailler sur des solutions. Nous espérons simplement que ce n'est pas trop tard pour éviter la catastrophe », se désole Laurent Bador, délégué CFDT.

Face au « mutisme de la direction et à l'absence de réponses transparentes » lors de la réunion de ce mercredi, les syndicats demandent désormais une réunion d'urgence avec des directeurs industriels ou des responsables stratégiques du groupe pour évoquer les pistes évoquées dans le rapport. À savoir : réfléchir à un autre modèle européen avec de petites unités de production plus flexibles.
L'intersyndicale saisit également Florent Menegaux, le président de la Manufacture française des pneumatiques Michelin (MFPM). « Nous souhaitons les bousculer et leur mettre la pression pour qu'ils réagissent à court terme », explicite Nicolas Robert du syndicat Sud.


Sans plus de commentaires, la direction France de Michelin indique « étudier avec attention les conclusions du rapport et les prendra en compte pour alimenter ses réflexions en cours ».

Si ces trois sites sont dans une situation particulièrement compliquée, presque tous les autres sont impactés par une baisse d'activité. Le berceau historique du groupe, à Clermont-Ferrand, n'est pas épargné.

Sur le site « vedette » des Gravanches, spécialisé dans le pneu destiné aux voitures haut-de-gamme, « nous ne sommes pas non plus au régime habituel », ajoute Romain Baciak, secrétaire général CGT Michelin.


« Il y a un ralentissement de 20% de l'activité, sans doute lié à un surstock qu'il faut écouler. A Roanne, Le Puy-en-Velay ou Troyes, le taux de charge est de 50%. Finalement, seul le site de Bourges, dans le Cher, produit normalement, car l'usine fabrique des pneus pour les avions et le marché est porteur », complète le délégué CGT.

Fermetures temporaires de plusieurs usines

Résultat : Michelin est contraint de stopper temporairement l'activité de certaines usines afin de « pallier les baisses de charge conjoncturelles ». Aux Gravanches, ce sera deux semaines de pause. À Troyes et au Puy-en-Velay, les usines devraient avoir recours au chômage partiel pendant trois semaines.

Le site du Puy-en-Velay, qui fabrique des pneus pour le génie civil (engins de construction ou de manutention portuaire,) avait déjà été arrêté pendant plusieurs semaines l'année dernière.
Interrogée par La Tribune, la direction du groupe avait alors expliqué faire face à un « contexte de plus en plus imprévisible avec une demande volatile, qui complique le management industriel. »

La stratégie du groupe nécessite moins d'emplois industriels

Au-delà des effets de la crise, pour Romain Baciak, le positionnement du manufacturier pose question. « Michelin mise sur le haut-de-gamme avec des pneus à haute valeur ajoutée et augmente ses tarifs. Mais les clients ne suivent plus, ils se tournent vers la concurrence qui est plus abordable », décrit ce syndicaliste CGT.

« Sur les pneus de camionnettes (site de Cholet, ndlr), les clients sont les coursiers, les petits artisans... or ils sont touchés par les coûts de l'énergie, l'augmentation des salaires, ils font donc des arbitrages et nous perdons des parts de marché », abonde Nicolas Robert, délégué syndical central Sud Michelin.

Pour la CFE-CGC, Michelin doit avoir l'honnêteté de tirer les conséquences de sa stratégie industrielle et « arrêter de se raconter des histoires ». « La stratégie du groupe est claire. Il se positionne pour être le leader des composites flexibles et vise d'autres relais de croissance. Sur le pneu, ils laissent tomber le marché de masse, moins rémunérateur », analyse aussi José Tarantini, délégué syndical central CFE-CGC.

« La conséquence logique du déploiement de cette stratégie amène le groupe à moins produire. Moins de volume signifie moins d'usines et moins d'emplois industriels », poursuit le représentant du premier syndicat de la maison.

Pour tous les représentants syndicaux, l'essentiel est la pérennisation des emplois. « Le PDG de Michelin fait la promotion du salaire décent. Mais quand les gens n'ont plus de boulot, cela ne veut plus rien dire. La question, c'est la restructuration vers d'autres sources de création de valeur. Comment on prépare les gens ? Comment on les forme? Comment on les accompagne avant que l'ont soit au pied du mur ? L'employeur modèle qui ne laisse personne au bord la route, c'est de la com', du marketing », conclut dubitatif José Tarantini.

Michelin emploie 16.000 personnes en France, dont 10.000 dans le Puy-de-Dôme.


 

Automobile : l'inquiétude grandit autour des usines Michelin


9 octobre 2024

L'entreprise auvergnate est pénalisée par la crise automobile. L’avenir de trois sites du groupe (Cholet, Vannes et Tours) inquiète fortement les salariés. Une réunion entre direction et syndicats se tenait ce mercredi après un droit d’alerte économique lancé en juin. D’autres usines Michelin vont connaître, dans le même temps, des fermetures temporaires ces prochaines semaines faute d’activité.

Article publié à 17 h 12, mis à jour à 19 h 03]

Situation : Des géants du secteur à la peine comme Stellantis, Volkswagen ou encore Mercedes, qui annoncent des objectifs de résultats à la baisse au deuxième semestre. Des immatriculations qui dégringolent de 11% dans l'Hexagone en septembre sur un an. Voilà qui suffit à dresser le tableau. Les équipementiers automobiles ne sont pas épargnés. Avec au premier chef Michelin et ses pneumatiques.

Cela fait plusieurs mois que les sites du manufacturier auvergnat tournent au ralenti. Notamment dans ses usines de Cholet (Maine-et-Loire), de Vannes (Morbihan) et de Tours (Indre-et-Loire), pour lesquelles les organisations syndicales CGT, CFE-CGC et Sud ont lancé un droit d'alerte économique pour y voir plus clair et analyser les perspectives d'avenir.

Lire aussiAutomobile : les équipementiers redoutent une « lente agonie »

Secafi, le cabinet indépendant mandaté, a rendu les résultats de son rapport ce mercredi lors d'un conseil économique et social central, qui a réuni direction et représentants du personnel. « Les résultats sont alarmants », s'inquiète Nicolas Robert, délégué syndical central Sud Michelin.



« Les courbes de production et d'effectif sur les trois sites ne cessent de baisser sans aucune perspective de remontée. Les usines deviennent moins rentables », complète-t-il ce mercredi. Le rapport Secafi fait, en effet, état d'une baisse production de 40% entre 2021 et 2025 sur le site de Vannes, quand Tours a perdu plus de la moitié de son activité depuis 2017, soit des pertes en volume fortes, structurelles et durables.

« À Cholet, la direction a fait repeindre trois fois certaines machines pour occuper les salariés »

Pour réduire les coûts, l'usine de Cholet est passée de 1.300 salariés à un peu plus de 900 aujourd'hui. Les syndicats dénoncent une absence de vision pour ces sites et un manque de réponses de la direction.



Le délégué syndical ajoute que « l'attitude de l'employeur face à cette situation n'est pas tenable » : « On peut parler de maltraitance avec des salariés désespérés qui n'ont aucune visibilité ». Sur place, une psychologue est même à la disposition du personnel une journée par semaine.

Crainte d'une restructuration

Pour ces trois sites de l'ouest de la France plane l'inquiétude de plans sociaux et de fermetures. Les syndicats ont tous en tête la décision de Michelin, l'année dernière, de fermer deux usines en Allemagne, à Karlsruhe et à Trêves, et une aux Etats-Unis d'ici 2025.
C'est sans compter le site de la Roche-sur-Yon. L'usine vendéenne de pneus poids-lourds, qui employait 619 salariés, a définitivement cessé son activité en décembre 2020. « Cet été, la direction a fait passer un message disant que l'entreprise était un organisme vivant qui doit s'adapter. Selon nous, ils préparent des annonces », redoute Nicolas Robert de Sud Michelin, qui dénonce une absence de dialogue social.



Face au « mutisme de la direction et à l'absence de réponses transparentes » lors de la réunion de ce mercredi, les syndicats demandent désormais une réunion d'urgence avec des directeurs industriels ou des responsables stratégiques du groupe pour évoquer les pistes évoquées dans le rapport. À savoir : réfléchir à un autre modèle européen avec de petites unités de production plus flexibles.
L'intersyndicale saisit également Florent Menegaux, le président de la Manufacture française des pneumatiques Michelin (MFPM). « Nous souhaitons les bousculer et leur mettre la pression pour qu'ils réagissent à court terme », explicite Nicolas Robert du syndicat Sud.



Si ces trois sites sont dans une situation particulièrement compliquée, presque tous les autres sont impactés par une baisse d'activité. Le berceau historique du groupe, à Clermont-Ferrand, n'est pas épargné.

Sur le site « vedette » des Gravanches, spécialisé dans le pneu destiné aux voitures haut-de-gamme, « nous ne sommes pas non plus au régime habituel », ajoute Romain Baciak, secrétaire général CGT Michelin.



Fermetures temporaires de plusieurs usines

Résultat : Michelin est contraint de stopper temporairement l'activité de certaines usines afin de « pallier les baisses de charge conjoncturelles ». Aux Gravanches, ce sera deux semaines de pause. À Troyes et au Puy-en-Velay, les usines devraient avoir recours au chômage partiel pendant trois semaines.

Le site du Puy-en-Velay, qui fabrique des pneus pour le génie civil (engins de construction ou de manutention portuaire,) avait déjà été arrêté pendant plusieurs semaines l'année dernière.
Interrogée par La Tribune, la direction du groupe avait alors expliqué faire face à un « contexte de plus en plus imprévisible avec une demande volatile, qui complique le management industriel. »

La stratégie du groupe nécessite moins d'emplois industriels

Au-delà des effets de la crise, pour Romain Baciak, le positionnement du manufacturier pose question. « Michelin mise sur le haut-de-gamme avec des pneus à haute valeur ajoutée et augmente ses tarifs. Mais les clients ne suivent plus, ils se tournent vers la concurrence qui est plus abordable », décrit ce syndicaliste CGT.



Pour la CFE-CGC, Michelin doit avoir l'honnêteté de tirer les conséquences de sa stratégie industrielle et « arrêter de se raconter des histoires ». « La stratégie du groupe est claire. Il se positionne pour être le leader des composites flexibles et vise d'autres relais de croissance. Sur le pneu, ils laissent tomber le marché de masse, moins rémunérateur », analyse aussi José Tarantini, délégué syndical central CFE-CGC.



Pour tous les représentants syndicaux, l'essentiel est la pérennisation des emplois. « Le PDG de Michelin fait la promotion du salaire décent. Mais quand les gens n'ont plus de boulot, cela ne veut plus rien dire. La question, c'est la restructuration vers d'autres sources de création de valeur. Comment on prépare les gens ? Comment on les forme? Comment on les accompagne avant que l'ont soit au pied du mur ? L'employeur modèle qui ne laisse personne au bord la route, c'est de la com', du marketing », conclut dubitatif José Tarantini.

Michelin emploie 16.000 personnes en France, dont 10.000 dans le Puy-de-Dôme.


Le Bibendum au régime?
 
C’est un problème de politique nationale, c’est un gros problème. La crainte est que la France se retrouve au point de la faillite de l’Etat dans cinq ans.
 

Le Mondial de l'auto sous le signe de la transition électrique


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Emmanuel Macron a visité ce lundi le Mondial de l'Auto. (Crédits : Reuters)
14 octobre 2024

Lors de la première journée du salon de l'automobile à Paris, les constructeurs ont dévoilé une offre particulièrement riche de nouveaux modèles 100% électriques. Mais tous redoutent de ne pas en vendre suffisamment, dans un contexte d'incertitude sur les aides à l’achat.

Article : Au Mondial de l'auto, il n'y en a (presque) que pour la voiture électrique. Les constructeurs présents ont mis, ce lundi, les petits plats dans les grands pour promouvoir leurs nouveaux modèles. Chez BMW, le message a le mérite de la clarté. Le constructeur allemand a greffé un grand panneau « We are electric » sur son stand. Le groupe s'est, au passage, offert les services de Juliette Binoche pour vanter sa marque et ses nouveaux bébés, les nouvelles Mini John Cooper Works « 100% électriques ».

Même son de cloche chez Citroën. Thierry Koskas, son patron, a loué les 50.000 prises de commandes de sa nouvelle C3, dont la moitié en version électrique, avec un prix d'entrée à 23.900 euros. Un signe positif, d'après lui, pour cette marque qui se revendique « populaire » et « abordable ». Citroën a aussi présenté son futur SUV Aircross, lequel sera disponible dans toutes les motorisations. Il en va de même pour les nouvelles versions de ses berlines compactes C4 et C4-X, qui ont été présentées pour la première fois.

La R5, star du salon

Chez Renault, la R5 est incontestablement l'une des vedettes du salon. Elle constitue le bras armé de la marque au losange pour doper ses ventes d'électriques. Cette citadine doit, comme l'a déjà répété Luca de Meo, son patron, « permettre à Renault de se projeter dans l'avenir et emmener des millions d'Européens sur le chemin de la transition énergétique ». En parallèle, Renault a présenté sa nouvelle R4 électrique. S'appuyant sur l'ADN de la 4L de 1961, devenue une icône des routes, celle-ci se veut aussi « polyvalente » que son ancêtre, et espère se muer, lors de la sortie l'an prochain, en « voiture à vivre de référence ».

Lors d'une présentation très attendue, le chinois Leapmotor, avec qui Stellantis s'est allié pour proposer des électriques à bas prix sur le Vieux continent, a célébré l'ouverture des commandes de son SUV C10 et de sa compacte T03. « Notre objectif, c'est de rendre l'électrique accessible à tous », a insisté Tianshu Xin, le patron de Leapmotor International. La marque dispose aujourd'hui de 200 points de ventes en Europe, et entend bien faire de l'ombre à la concurrence.

« Un problème d'accessibilité de l'électrique »

Si l'offre de voitures électriques n'a jamais été aussi étoffée, l'incertitude demeure côté demande. La filière se demande si les consommateurs répondront présent. Cela fait plusieurs mois que les ventes ne progressent plus, dans un contexte où ces autos demeurent globalement plus chères que leurs équivalents à motorisation thermique. Les constructeurs n'ont pas le luxe d'attendre, alors que la réglementation européenne entend mettre fin aux ventes de véhicules essence et diesel en 2035.

« Les consommateurs le disent très bien : nous avons un problème d'accessibilité de ces véhicules, avec des classes moyennes qui ne veulent pas payer un véhicule électrique à un prix supérieur au thermique », a lancé le dirigeant.


« Stimuler la demande »

Celui-ci a réaffirmé que les véhicules électriques coûtaient plus cher à produire, de l'ordre « de 40% ». Afin de « satisfaire les clients », il entend poursuivre, chez Stellantis, sa stratégie de réduction les coûts. Carlos Tavares a aussi averti qu'il se séparerait sans états d'âme de certaines marques, si elles ne gagnent pas suffisamment d'argent. « Si les clients ne reconnaissent pas la valeur qu'elles créent, il n'y a plus de place pour elles dans l'entreprise », a-t-il indiqué. Aujourd'hui, c'est sa marque de luxe Maserati qui souffre particulièrement. « Mais nous pensons avoir trouver le moyen de corriger les choses », a poursuivi le patron.

Alors qu'en ces temps de disette budgétaire, le gouvernement compte réduire les aides à l'achat des voitures électriques, Carlos Tavares a rappelé l'importance de « stimuler la demande ». Outre la préservation du bonus écologique, le leasing social pourrait, selon lui, constituer une bonne manière d'y arriver. Pour être efficace, celui-ci devrait, d'après le dirigeant, concerner autant les véhicules pour les particuliers que les utilitaires, et ce, sur le marché du neuf comme sur celui de l'occasion. De passage au salon, Emmanuel Macron a lui considéré que le leasing social devrait « accompagner la production de véhicules en France ».

« Verdir les flottes d'entreprises »

De son côté, Luca de Meo juge qu'il faut prendre des mesures pour « verdir les flottes d'entreprises ». « En France, la pénétration des voitures électriques est plus importante chez les particuliers que dans les entreprises, a-t-il affirmé. Ce n'est pas possible. » L'avantage de telles mesures serait, à ses yeux, double. Le premier, c'est que « cela ne coûterait rien » en termes d'argent public. Le second, c'est que les véhicules d'entreprises alimentent in fine le marché de l'occasion. De quoi donner un coup de fouet, au bout du bout, à l'adoption de l'électrique.