La mauvaise foi c'est d'écarter l'ensemble de mes arguments d'un revers de la main (y compris celui qui mentionnait la collaboration entre les pays).
Mais je suis loin d'être le seul à avoir profité des progrès en humanité hein... Les mexicains ne sont pas entrés en guerre contre les USA depuis belle lurette, qui eux-même ne sont pas entrés en guerre contre le Canada, lui-même en paix avec la Russie, qui elle même est en paix avec la Pologne depuis 70ans, qui elle même n'a pas été attaquée par l'Allemagne depuis 70ans.
A noter qu'en France des mouvements pacifistes étaient à l'oeuvre au moins depuis 1918 (les poilus disaient qu'elle devait être "
la der des ders"), voir même avant 1914 (cf. Jean Jaures assassiné à cause de son pacifisme), et que les années 60 ont également été marquées par des mouvements pacifistes divers et variés, et que même De Gaulle a reçu un accueil triomphal lors de sa visite en Allemagne.
Les partisans d'une Europe transnationale n'avaient pas -et
n'ont toujours pas- le monopole de la recherche de la Paix. C'est De Gaulle qui a signé les accords de l'Elysée avec l'Allemagne, qui a mis en place les office franco-allemand de la jeunesse, les lycées franco-allemands, jumelage de villes, etc...
Bref la paix est un processus qui s'est progressivement imposé presque partout dans le monde occidental (et pas seulement) parce que les populations ont "appris" des erreurs du passé. Et que ce que l'on a vu au niveau politique n'est finalement que l'aboutissement de ce processus.
A l'inverse, imposer les mêmes politiques à tous les pays réveillent des tensions (cf Grèce-Allemagne lors de la crise de la dette greque, et plus généralement la dénomination de PIGS/pays du Club Med apparue avec la crise de l'Euro, Macron qui provoque l'Italie et la Pologne, elle-même en friction avec la commission européenne à propos de son appareil judiciaire, les britanniques qu'il faut punir parce qu'ils quittent l'UE, le commissaire allemand qui déclare que les marchés vont apprendre aux italiens de bien voter, et dernièrement la lutte entre la justice espagnole et la CJUE à propos de Junqueras qui a provoqué l'apparition du mot Spexit dans le débat public espagnol...) Bravo
Sachant qu'il existe déjà des institutions internationales dont l'objectif est de favoriser le dialogue entre les pays: l'ONU (qui prévoit notamment la non ingérence dans les affaires intérieures des pays...), le Conseil de l'Europe, etc..
Je maintien que le message "l
"UE c'est la paix" est du flanc pour ménagère de moins de 50 ans (ou pire une intimidation pour nous faire avaler toutes les couleuvres de l"UE) diffusé par des
kékés dans (entre autres) des émissions du type
"C'est dans l'air"). Et cela devient de l'escroquerie intellectuelle lorsqu'il s'agit de refréner toute remise en cause sérieuse du fonctionnement actuel de l'Union Européenne.
Enfin bon, comme tu dis que ce qui est important ce n'est pas l'UE en tant qu'institution mais la démarche, alors dans ce cas là, rien n'empêche de vouloir faire marche arrière lorsque la "
démarche" est allée trop loin non?
Synthèse/bilan, on est quand même pas bien loin puisque les résultats actuels de l'UE y étaient passés en revue...
Mais ok, je te prend au mot, faisons donc un bilan, et je vais m'inspirer de l'ordre des articles des traités européens afin d'être sur de ne pas manquer de sujet importants. Je prendrai comme situation de référence 1992 qui est l'année où nous avons commencé à transférer notre souveraineté, notamment la plus importante, la souveraineté monétaire.
1. Démocratie (articles 3,4,5,6)
Situation en 1992: Suite à la chute du mur de Berlin, la démocratie semble s'imposer partout dans le monde. Certains parlaient même de la fin de l'histoire...
Situation en 2020: le droit de vote en France ne permet plus de changer l'orientation des politiques générales de la France.
Pire, plusieurs référendums ont été en France (2005 sur la constitution, et plusieurs référendums locaux sur la constitution de collectivités locales) qu'en Europe (Pays-bas 2005 et 2016, Grèce 2015, le Brexit qui aura mis presque 4 ans à être mis en application). Le président de la commission européenne a même dit qu'il ne pouvait y avoir de choix démocratique contre les traités européens...
Par ailleurs les élections européennes rassemblent à peine 50% de l'électorat, et les partis eurosceptiques sont fréquemment en tête. Et le parlement européen est infiltré par les lobbys (ce n'est pas moi qui le dit mais les principales têtes de liste françaises aux élections européennes de 2019
[1] et
[2])
2. Industrie (articles 32 et 63)
Situation en 1992: la France dispose de plusieurs entreprises leaders dans leur secteur respectif.
Situation en 2020: beaucoup de groupes de taille mondiale ont été racheté par des pays extra européen sans que la Commission Européenne ne s'en émeuve car elle ne voit que des acteurs sur le marché (comme dans le cas d'Alstom). Parmis-elles, notons:
- Péchiney (la Commission Européenne a empêché Pechiney de fusionner avec d’autres dans une position qui lui était favorable en 2001 à cause du risque de position dominante, mais par contre l’a laissé se faire disséquer quelques années plus tard par une OPA agressive)
- Alstom (qui réduit sérieusement l'autonomie militaire et énergétique de la France)
- Technip (personne ne comprend ce qu'il s'est passé avec FMC, mais on a laissé partir un fleuron....)
- Arcelor (dont la Commission s'est opposé à une renationalisation temporaire)
À cote de cela il y a eu de multiple délocalisations intra européenne, même d'entreprises rentables, ce qui a fragilisé celles qui continuaient de produire en France (ie. Peugeot).
À l'inverse, aucun champion européen n'a émergé. Ce n'est pas étonnant Airbus et Ariane Espace ont été créés par des états indépendants à un époque où
les règles actuelles n'existaient pas.
Par ailleurs la mise en concurrence de toutes les entreprises ont complètement désorganisée la filière nucléaire française (EDF/Areva/Alstom) qui sont devenus concurrents au lieu d'être complémentaires...
Enfin il y a un chômage de masse qui provoque plus
de 10,000 décès par an et on se refuse de faire du protectionisme uniquement par idéologie.
2. Agriculture (articles 38 et 39)
Situation en 1992: la France était le premier pays agricole d'europe
Situation en 2020: la France est en passe devenir un pays importateur net, un agriculteur se suicide tous les 2 jours, leur revenu s'est effondré, la survie depend d'accord commerciaux avec la Chine, car l'UE souhaite importer du Canada et du Mercosur. Bref on marche sur la tête a l'heure ou l'écologie est une priorité.
Les Suisses n'ont aucun de ces graves problèmes car ils peuvent mettre en place du protectionisme intelligent.
Les débouchés ont également patis des sanctions russes, puisqu'ils ont interdits l'importation de produits agricoles européens après que l'UE ait elle même imposé des sanctions à la Russie suite à l'affaire ukrainienne.
Enfin, à l'inverse du Vietnam ou du Sri Lanka, nous ne sommes pas en mesure de décider de l'utilisation du glyphosate par nous même.
3. Diplomatie et armée (article 42)
Situation en 1992: la France a une diplomatie indépendante, on va même jusqu'en 1995 d'expulser des diplomates américains pour espionnage
Situation en 2020: la France et l'UE est alignée quasi systématiquement sur les Êtats-unis, notamment lorsque ceux-ci violent le droit international (Syrie 2018, Irak fin 2019). On est rentré dans le commandement intégré de l'OTAN.
On ne réagit aucunement -que ce soit en France ou à Bruxelles- lorsqu'il est prouvé que l'ambassade des États-unis espionne l'Élysée.
Aucun pays européen n'a acheté d'avion de chasse européen à un de ses partenaires européens (Rafale, Eurofigther, Grippen), préférant les avions de chasse américains.
4. Frontière et immigration (article 67, 68 et 79)
Situation en 1992: la France a la maitrise de ses frontières
Situation en 2020: les politiques migratoires sont décidées par l'UE et les questions migratoires et d'identité sont devenues particulièrement sensibles en France (ainsi que dans beaucoup d'autres pays européens) sans pourtant que le pays puisse agir. Au contraire la Commission Européenne sanctionne même les pays tiers qui tiennent à contrôler leur frontières (ie. referendum de 2012 en Suisse sur l'immigration)
Indépendamment de l'UE, le passport français permet d'aller dans plus de 180 pays pour faire du tourisme.
5. Services publics (article106)
Situation en 1992: la France a des services publics qui fonctionnent plus ou moins bien (l'hôpital est notamment performant, l'industrie nucléaire, le TGV, le minitel -certes en passe d'être dépassé par internet-, ...)
Situation en 2020: tout est en passe d'être privatisé contre l'assentiment de la population, avec des scandales, notamment les autoroutes, l'aéroport de Toulouse, ADP, la Française des Jeux -dont l'état s'occupe depuis plus de 500ans....-, la retraite par capitalisation (qui diminuera encore notre souveraineté car les marchés dicteront
encore plus comment bien voter....), le parc de barrage hydro-électriques, etc..
Par ailleurs le prix d'électricité française est considéré comme trop peu cher (sans doute la moins cher du monde si on enlève les exploitants de geysers et autres) et l'UE demande à ce qu'elle soit augmentée pour favoriser l'apparition de concurrent (on croit rêver....).
6.Politique économique (article 121)
Situation en 1992: la France a la maitrise de sa politique économique, quelle peut mener conformément en fonction de ses intérêts (même si elle s'est déjà mise dans la politique du franc fort afin de préparer l'arrivée de l'euro).
Situation en 2020: la France n'a plus la maitrise de sa politique économique du fait de son appartenance à la zone euro. La commission européenne rédige chaque année ses recommendations intitulés Grandes Orientations de Politiques Economiques, dont la retrsancription en France est assurée par le PNR Programme Nationale de Réforme, indépendant des programmes électoraux des élus... Certes les recommandations ne sont pas forcément mises en oeuvres dans l'année qui suit, mais elles le sont à terme, sous peine de sanctions (cf Six-pact et two-pact) et qui sont parfois passées au 49.3 (ie. loi Travail).
Loin de l' "
Europe Sociale" longtemps promise par les politiques français, les GOPÉs sont au contraire la déconstruction du travail et des protections sociales, afin d'uniformiser par le bas le cout du travail, ce qui est en sommes toutes logique puisque les ouvriers français sont directement en concurrence avec les travailleurs polonais et roumains, et que la recherche du plus bas cout de production est l'objectif même de l'UE.
7. Politique monétaire (article 127)
Situation en 1992: la France a la maitrise de sa politique monétaire
Situation en 2020: la France n'a plus la maitrise de sa politique monétaire car elle est dans la zone euro.
Petite revue de la situation des pays:
- les pays du Sud de l'Europe (Portugal, Espagne, Italie, Grèce) ont vu leur compétitivité s'effondrer et leur endettement exploser alors qu'ils se comportaient bien sans être extra-ordinaire dans les années 90's
- la France pareil, mais à un degrès moindre. A noter qu'on a dépensé des centaines milliards d'euros d'argent pour sauver l'euro sous Sarkozy
- sur les 4 pays scandinaves, 3 se portent bien (Suede Danemark, Norvège - en dehors de l’UE), 1 beaucoup moins bien (la Finlande, qui est d’ailleurs le seul à être dans la zone euro)
- sur les 4 pays de Visegrad, la Slovaquie est celui a le plus de chômage (8,5% - bien plus que les autres) mais c’est aussi le seul qui utilise l’euro
L'Allemagne et le Luxembourg, et dans un degrés moindre l'Autriche et la Hollande bénéficient de l'euro (4 pays sur 19...) au prix de dettes Targets 2 incroyables (plus de 1,000 milliards d'euros pour l'Allemagne, 200 milliards pour le Luxembourg, soit 3 fois son PIB...).
L'euro n'a pas réussi à devenir une
zone monétaire optimale (ZOM). Il faudrait pour cela que l'Allemagne redistribue une somme significative de son PIB -comme le font les réserves fédérales aux USA et en Chine chaque année- pour combler les déséquilibres (ce qui aurait pour effet de réduire les Target 2) mais elle s'y refuse. Pire, l'UE fonctionne à l'envers: dans une ZOM, les travailleurs partent des zones sinistrées pour aller dans des zones en croissance. Dans l'UE, les migrants/travailleurs détachés partent de pays en croissance (pays de l'Est) pour aller chercher des salaires plus hauts dans des pays à faible croissance (europe de l'Ouest).
154 économistes allemands, des banquiers centraux ont écris des tribunes
[1],
[2],
[3],
[4] pour dire qu'il faut arrêter les frais. Il parait que l'euro
à couté 56,000 euros par francais, estimations confirmées par Jacques Sapir et Charles Gav e dans des analyses différentes. Le directoire de la BCE est complètement divisé sur ce qu'il faudrait faire.
L'euro a faillit exploser plusieurs fois en 2010, 2011, 2012, 2015 et l'Italie a menacé en 2019 d'émettre une monnaie parallèle. Mario Draghi a du déclaré qu'il ferait "
what ever it takes" pour sauver l'euro.
8. Politique commerciale (article 206)
Situation en 1992: la France a la maitrise de sa politique commerciale, et sa balance commerciale est correcte (plus ou moins à l'équilibre)
Situation en 2020: la politique commerciale la prérogative de l'UE. Elle signe des accords commerciales au nom des 28 pays de l'UE qui ont des intérêts contradictoires et divergeants. Cela favorise les délocalisations et crée des tensions sur des approvisionnements (notamment les médicaments) et augmente l'empreinte environnemental.
La balance commerciale de la France est négative de plus de 16ans et en tendance négative depuis 23ans.
J'ajoute un bilan sur la cohésion nationale
9. Cohésion nationale
Situation en 1992: il me semble qu'il y avait beaucoup moins de fractures dans la société française
Situation en 2020: la société française est fracturée, au moins à 2 niveaux
- absence de projet national puisque le projet européen est l'anti thèse du projet national: il faut faire l'UE parce qu'on est -soit-disant- trop petit, trop faible et sinon ce sera la guerre. C'est un problème notamment dans l'intégration des immigrés (qui souhaite réellement devenir français quand même les français se renient eux-mêmes?)
- fractures entre les plus diplomés et les moins diplomés, les premiers ne comprenant rien des dynamiques économiques engendrées par l'UE -alors que ce sont justement eux qui devraient être capables de faire des liens entre causes/effets/conséquences- mais ont au contraire un discours dogmatique (ie. sortie de l'UE c'est aller sur la planète Mars...) et les seconds subissant les conséquences (délocalisations, nivellement par le bas). On voit même apparaitre ci ou là des tentations de suffrages censitaire basé sur le niveau d'études. La crise des gilets jaunes a mis en lumière ce décallage dans la société française.
Je ne résiste pas également à comparer la situation médiatique:
9. Médias
Situation en 1992: des débats de fond sont diffusés en prime time juste avant du football (au moins jusqu'en 1996, cf ci-dessous)
Situation en 2020: il n'y a plus de débat sur le fond (le fait que tu renvoies à
C'est dans l'Air sur France est aveu terrible de ce qu'est devenu la télévision française), le
20hr de France 2 a un parti pris incroyable sur le Brexit alors qu'il devrait être neutre, des candidats à la présidentielle sont ostracisés alors que d'autres arrivés de nul part sont présentés comme un génie de leur temps parce qu'ils disent "
Penser printemps". L'ensemble des médias sont pro-européens (a l'inverse du Royaume-Uni), et les commentateurs économiques qui se sont complètement plantés sont encore et toujours invités.
Voilà, le résultat est affligeant. Et on paye au minima 7 milliards d'euros par an pour participer à ça.