bon, ben y'en a des altermondialistes, ca fait plaiz, on se sent parfois seul quand on pense differement.
pour les moralisateurs corrompus, attention a la nuance,
altermondialiste est different de
antimondialiste.
revenons sur la notion de systeme (attention, gros morceau mais interessant a lire si vous avez le temps):
2. Les degrés d’autonomie du système
En premier lieu, essayons de définir l’autonomie.
Un système complètement fermé n’a pas de liens avec son environnement : il est indépendant.
Un système complètement ouvert est confondu avec son environnement : il est indistinct.
Un système qui est ouvert et fermé est appelé autonome.
Il est autonome car il est capable de réagir à ce qui le perturbe. Sa réaction peut même être la fermeture.
Plusieurs degrés d’autonomie existent. Nous allons maintenant les présenter. Mais avant il faut dire que chaque nouveau degré ajoute une caractéristique nouvelle à celles que le système avait déjà.
E. Premier degré d’autonomie : l’autoconservation passive
C’est le plus bas degré d’autonomie. Nous trouvons ici les minéraux.
Les relations du système avec l’environnement sont peu nombreuses. L’énergie entre, l’information n’entre pas.
Prenons une pierre. Elle n’évolue pas. La pluie, le gel, la chaleur peuvent la modifier. Mais elle ne réagit pas. Elle ne s’adapte pas. A chaque fois l’érosion se fait de la même manière. Le système ne se réorganise pas. Il reste exactement le même. Ce système n’est pas complètement fermé car l’érosion fait disparaître une partie du système. Il est sensible à l’énergie.
F. Deuxième degré d’autonomie : l’autoconservation active.
Ce sont les systèmes mécaniques. En leur fournissant de l’énergie, ils sont capables de répéter des mouvements identiques. C’est le cas des automates ou des horloges.
Une montre reçoit de l’énergie, ses aiguilles tournent et indiquent l’heure. L’heure est une information. Dans ces systèmes : l’énergie entre et l’information sort. Ils sont plus autonomes que les premiers. Mais ils sont encore très dépendants de leur environnement. Si on ne donne pas d’énergie à la montre et si on ne lui donne pas au départ la bonne heure, elle sera incapable de fonctionner.
G. Troisième degré d’autonomie : l’autorégulation
Ce sont les systèmes servo-mécaniques (ordinateurs). Ils sont capables de corriger tout seul leurs erreurs. Si l’environnement se modifie, les systèmes autorégulés reçoivent des informations. Ils utilisent ces informations pour corriger leur comportement. Ce sont par exemple les pilotes automatiques. Ces machines sont assez simples car elles sont programmées pour fonctionner. C’est l’homme qui les programme. Il fait ce qu’il veut. Elles ne font qu’obéir au programme. Pour dire les choses autrement, ces machines ne traitent que les informations à sa disposition. Celles que l’homme lui donne.
L’autonomie est une autonomie de régulation. Cela implique trois choses :
- Pour corriger ses erreurs ou ses mouvements, la machine doit connaître ce qui se passe autour d’elle.
- Elle doit connaître les conséquences de sa réaction.
- Elle doit avoir un but pour savoir comment réagir.
1. Ces trois choses forment une boucle de rétroaction. Ce qui sort de A va entrer dans B. Mais ce qui, après réaction va sortir de B rentrera dans A. On peut représenter par le schéma suivant (Figure 2). La réalité est beaucoup plus compliquée et complexe. Plusieurs boucles de rétroactions peuvent exister en même temps. Elles peuvent se succéder ou se combiner. La combinaison peut avoir différents résultats. Elle peut être amplifiante ou compensatrice. Elle est amplifiante si ce qui sort du système va dans le même sens que ce qui est entré. Elle est compensatrice si ce qui sort est l’inverse de ce qui est rentré.
2. Ces trois choses reposent sur la notion de « téléonomie » ou « régulation finalisée ». Le système a un but. C’est ce but qui va déterminer les choix. Mais attention si le système a un but (unique), les composants du système peuvent avoir des buts différents. La combinaison de ces différents buts est le but du système. De plus, le système ou ses composants ne sont pas toujours conscients du but à atteindre. On peut alors distinguer deux choses : d’abord la finalité (c’est le but ultime du système) et l’intentionnalité (c’est le but affiché).
H. Quatrième degré d’autonomie : l’autoreproduction
Nous parlons ici des êtres vivants. La propriété émergente est la capacité à se reproduire. Cette capacité de reproduction provient de l’autorégulation programmée. Les cellules savent ce qu’elle doivent faire.
Une caractéristique importante de ce degré d’autonomie est « l’homéostasie ». C’est la capacité à maintenir un état stable. L’exemple le plus facile à comprendre est celui de la température du corps. Elle varie autour de 37°C. En dessus et en dessous, il y a un problème de santé. Mais la température peut varier. Elle est stable mais pas statique. Cela veut dire que la température peut varier autour d’une valeur pour permettre de supprimer les causes de la perturbation. Nous recevons un virus. Le corps réagit, la température augmente. Cette augmentation détruit le virus. La température redevient normale.
L’autoreproduction est la capacité la plus forte. Tout les éléments su système ont un même but. Ce but est la reproduction. Le système peut être sacrifié à cette reproduction. Par exemple. Vous connaissez la marmotte. Cet animal dort pendant tout l’hiver. Au printemps, elle se réveille. Que fait-elle alors ? On pourrait croire qu’elle mange. Ce n’est pas vrai. Elle se reproduit. La marmotte n’est pas une obsédée sexuelle. Son programme lui dit de se reproduire comme système. Elle se reproduit. Après son programme lui dit de rester en vie comme individu. Après elle mange. Cet exemple montre que le système est programmé pour hiérarchiser ses objectifs.
I. Cinquième degré d’autonomie : l’auto-adaptation.
Nous arrivons aux systèmes avec de la mémoire. Ils sont capables d’accumuler des informations. Ils sont capables de trier ces informations. Prenons l’exemple d’un oisillon. Si on met un oisillon seul dans une cage, il connaîtra les sons mais ne saura pas chanter. Pourquoi ? Si il n’écoute pas ses congénères, il ne peut pas combiner les sons. C’est donc sa mémoire auditive qui lui permet de chanter.
Plus un système est complexe plus il utilise sa mémoire pour réagir. L’acquis devient plus important que l’inné.
Ici nous pouvons dire quelques mots à propos de l’intelligence et de l’instruction. On ne sait pas ce qu’est l’intelligence. Mais on sait que les performances augmentent quand l’intelligence est combinée avec l’instruction.
Pour comprendre nous pouvons prendre l’exemple de Jean Piaget :
Le cerveau humain est composé de cases. L’expérience et l’instruction remplissent ces cases. Quand le système cherche une réponse, il va aller chercher les informations dans les cases. L’intelligence est un programme. L’intelligence cherche les informations dans les cases. Elle peut aller vite ou doucement. Si elle va vite, elle trouvera rapidement les informations nécessaires. Elle pourra répondre rapidement. Avec l’habitude, l’intelligence peut choisir le chemin le plus rapide. Elle peut mettre ce chemin dans une case. Elle peut aussi combiner les informations pour les manipuler par groupe.
En résumé, l’intelligence et l’instruction (expérience) sont très liée.
J. Sixième degré d’autonomie : l’auto-organisation
Nous devons rappeler ici que toutes les caractéristiques précédentes sont présentes à ce degré. Ce qui est nouveau c’est la capacité à s’organiser soi-même . Qu’est-ce que l’organisation ? Ce n’est ni l’ordre, ni le désordre. C’est les deux. L’ordre est statique, rigide. Il dure. Mais il peut disparaître à cause du désordre.
L’organisation est souple, dynamique. C’est un processus de mise en ordre du désordre. Pour cela il faut :
- Du désordre et
- Une capacité à transformer le désordre en ordre. (Bichat disait de la vie : c’est l’ensemble des forces qui luttent contre la mort).
L’organisation est infinie. Le désordre toujours existant. La transformation du désordre en ordre est permanente.
Elle implique le processus de décision. La décision est la combinaison de ce qui entre dans le système et de ce qui est déjà dans le système.
Pour comprendre il faut distinguer deux sortes de règles :
- Les règles normatives. Ce sont les règles qui sont obligatoirement respectées. On ne peut pas les modifier. Prenons l’exemple d’un jeu. Les règles normatives sont les règles du jeu. Les règles normatives précisent ce qui est possible et précisent ce qui est interdit. Elles précisent aussi la façon de compter les points…Ces règles imposent des contraintes. « Tricher » signifie « ne pas respecter les contraintes ». L’arbitre fait respecter les règles normatives.
- Les règles pragmatiques. Ces règles servent à gagner. Nous apprenons ces règles avec un entraîneur. Ces règles répondent aux questions : comment faire pour gagner ? Comment surprendre l’adversaire ? Quelle tactique choisir ? Ces règles permettent aux joueurs de choisir les moyens les plus efficaces.
Pour gagner, il faut respecter les règles normatives. Pour gagner, il faut choisir les bonnes règles pragmatiques.
« Choisir » signifie « combiner ce que l’on peut faire et ce que l’on sait faire ».
Il y a plusieurs façons d’agir. Dans l’absolu, il n’y a pas de meilleure façon. Le joueur est incertain. Il prend un risque car il ne connaît pas toutes les données. Le risque consiste à choisir ce qui serait défavorable au système. Si la décision implique l’incertitude, elle implique aussi l’anticipation. Le joueur peut réagir, mais il peut aussi anticiper. Il a une imagination prospective. Il imagine ce qui peut se passer. Il anticipe les réactions possibles. Cela est appelé « proaction » (feed-forward).
En définitive, le joueur arrive sur le terrain avec un projet (il doit gagner). Il arrive sur le terrain avec un programme (pour gagner je vais faire ceci ou cela…). Mais tout ne peut pas être prévu. Une situation imprévue se produit. Le joueur doit s’adapter. Il change de stratégie. Changer signifie innover, produire quelque chose de nouveau. Cela signifie aussi transformer le désordre en ordre.
Un système trop organisé se bloque. Un système insuffisamment organisé va se désorganiser irrémédiablement. L’optimum d’organisation n’est pas le maximum.
K. Septième degré d’autonomie : l’autotransformation
C’est le dernier barreau de l’échelle d’autonomie. Nous parlons ici des systèmes sociaux. Ces systèmes sont capables de changer les règles normatives pour atteindre leur objectif. Dans l’histoire, les systèmes sociaux ont souvent changé les règles normatives (révolution industrielle, révolution politique…). Ces systèmes peuvent changé car ils sont très complexes.
Peut-on mesurer la complexité ?
La « variété » d’un système mesure sa complexité. La variété est le nombre d’états possibles d’un système. Chaque état résulte de la combinaison des inputs et des valeurs internes au système. Prenons un exemple abstrait. Si 4 inputs entrent dans un système. Chaque inputs peut avoir 3 valeurs. Alors le nombre de combinaisons possibles est : 3x3x3x3=81.
Si le système contient également 4 variables et 3 valeurs.
On obtient alors 81x81= 6561 états possibles.
Un système complexe a beaucoup de variétés (états possibles).
Le système hiérarchise ces états. Il y a les possibles et les probables.
Si le système choisit d’abord le plus probable puis l’état un peu moins probable et ainsi de suite. On dit que le système évolue.
On parle de révolution si le système choisit un état possible mais improbable.
La variété d’un système lui donne sa souplesse. En effet, si le système choisit un état improbable, il va changer mais également rester le même.
Changer pour rester le même s’appelle « l’ultrastabilité ».
Le système change mais reste le même pour son environnement.
A propos de la variété, il existe une loi : la loi de la variété requise.
Cette loi signifie que l’environnement est toujours plus complexe que les systèmes qui le composent.
Pour dire les choses autrement un système peu complexe ne peut pas contrôler un système plus complexe.
Conclusion
Les différents systèmes que nous venons de présenter nous ont permis d’introduire le système le plus complexe que nous ayons isolé à ce jour, à savoir la société humaine. Elle présente toutes les caractéristiques des systèmes qui lui sont inférieurs (moins complexe) à laquelle elle ajoute sa capacité à modifier les règles du jeu.