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La nouvelle guerre froide économique : qui gagne, qui perd ? Entretien avec Xu Qinduo by Rameen Siddiqui Modern Diplomacy, Managing EditorA thought leader and youth activist with main focus areas being Sustainable Development, Political Economy, Development Justice and Advocacy. A member of the United Nations Major Group for Children and Youth (MGCY). Also a Youth Member of United Nations Association of Pakistan (UNAP).


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10 avril 2025

À une époque où les économies sont interconnectées, un seul tarif douanier peut se répercuter sur les continents, modifiant les routes commerciales et les alliances politiques.

Entretien : Le spectre d'une nouvelle guerre commerciale se profile, jetant une longue ombre sur les marchés mondiaux et forçant les nations à réévaluer leurs partenariats stratégiques. Au cœur de ce drame se trouve la relation complexe entre les États-Unis et la Chine, une dynamique que l'analyste politique de CGTN Xu Qinduo dissèque avec une grande perspicacité, révélant l'équilibre délicat entre l'interdépendance économique et la rivalité géopolitique.

Récemment, Modern Diplomacy a eu l'occasion de s'entretenir avec M. Qinduo et de plonger dans les méandres de ces tensions économiques internationales. Notre conversation a porté sur les impacts immédiats des tarifs douaniers de l'ère Trump et sur le positionnement stratégique à long terme des puissances mondiales. Ses réflexions offrent une perspective nuancée sur les défis et les voies potentielles à suivre dans ce paysage mondial en évolution rapide.

"Les consommateurs et les exportateurs américains ont récemment appris qu'en cas de découverte de navires fabriqués en Chine ou appartenant à la Chine, ils s'exposaient à une amende de 50 millions de dollars américains", souligne M. Qinduo. Selon lui, il s'agit là d'une mesure qui transcende les règles établies de l'OMC et qui marque le début d'une nouvelle ère de tactiques économiques imprévisibles. Il estime que de telles actions "abaissent le seuil" de ce qui constitue un comportement acceptable en matière de différends commerciaux.

Les implications de ces politiques vont bien au-delà des relations immédiates entre les États-Unis et la Chine. "Nous assistons à une mondialisation fragmentée, c'est le moins que l'on puisse dire", observe M. Qinduo. Cette fragmentation engendre l'incertitude, obligeant les compagnies maritimes mondiales à se préparer aux pires scénarios et, en fin de compte, à réduire les bénéfices de toutes les parties concernées, y compris les exportateurs américains.

M. Qinduo souligne le potentiel d'une approche plus collaborative. "Il existe de nombreux domaines de négociation et de complémentarité", affirme-t-il. Il souligne l'ironie de voir les États-Unis se plaindre de déficits commerciaux tout en restreignant la vente de puces et d'équipements militaires de pointe à la Chine. "Ce n'est pas vraiment judicieux", déclare-t-il, soulignant les dommages à long terme que de telles politiques infligent aux entreprises américaines en limitant leur accès au lucratif marché chinois.

La Chine, quant à elle, navigue stratégiquement dans cet environnement turbulent en se concentrant sur le renforcement de la consommation intérieure et en investissant massivement dans l'innovation, en particulier dans les technologies de pointe telles que l'intelligence artificielle et l'informatique quantique. "Nous voyons des robots en haute mer et sous terre, et si vous regardez l'installation de robots, la Chine est le numéro un dans les usines", explique M. Qinduo.

Sur le plan extérieur, la Chine cherche activement à approfondir l'intégration mondiale par le biais d'initiatives telles que le partenariat économique régional global (RCEP) et les demandes d'adhésion à l'accord global et progressif pour le partenariat transpacifique (CPTPP). "Ils veulent faire partie de ce groupe. Et bien sûr, la Chine suivra les règles", affirme M. Qinduo. Il souligne également que l'initiative "la Ceinture et la Route" témoigne de l'engagement de la Chine à favoriser la connectivité et la prospérité partagée.

L'Union européenne, coincée entre sa dépendance économique à l'égard de la Chine et son alignement politique sur les États-Unis, est confrontée à un dilemme particulièrement difficile. M. Qinduo estime que l'UE a besoin d'un "retour à la réalité" en ce qui concerne ses relations avec Washington. "Je pense que l'Union européenne a atteint le point de basculement et qu'elle doit se remettre en question en ce qui concerne, par exemple, l'autonomie stratégique, la défense, l'économie, la technologie, etc.

Il critique la politisation de la technologie chinoise, estimant qu'elle entrave un dialogue et une coopération constructifs. "Nous ne ressentons aucun risque en utilisant, en nous appuyant sur la technologie européenne, ou en achetant des voitures, des automobiles ou des technologies fabriquées en Europe, vous savez, nous ne voyons aucune sorte de menace ou de danger national là-dedans. Mais d'une manière ou d'une autre, cette vieille technologie chinoise est critiquée. Il invite l'UE à se concentrer sur un "engagement gagnant-gagnant" plutôt que sur un jeu à somme nulle.

Le concept de "découplage" de la Chine est également abordé. M. Qinduo affirme que le découplage n'est pas pratique, étant donné la position de la Chine en tant que puissance manufacturière. "Vous ne pouvez pas empêcher les consommateurs d'acheter, par exemple, des véhicules électriques de haute qualité à des prix très compétitifs", souligne-t-il. Il prévient qu'en s'isolant du marché chinois, on risque d'être "distancé" dans la course au progrès technologique.

L'interview aborde également l'impact de ces tensions économiques sur les pays en développement. M. Qinduo craint qu'une guerre commerciale mondiale n'affecte de manière disproportionnée ces pays, dont les économies sont moins résistantes. "Ils ont besoin d'investissements de la part des économies plus avancées pour pouvoir développer leur économie. Ils ont également besoin d'accéder aux marchés", explique-t-il.

En ce qui concerne le "soft power" de la Chine, M. Qinduo insiste sur les multiples facettes de son approche, qui va bien au-delà du simple échange culturel. "L'objectif est vraiment d'améliorer la compréhension de la Chine", déclare-t-il, mais cette compréhension repose sur des actions tangibles. L'attrait de la Chine pour les pays du Sud en plein essor découle de son engagement avéré en faveur du développement, sans imposer de contraintes politiques. Cette approche trouve un écho profond auprès des nations à la recherche de partenariats équitables et contraste fortement avec les modèles historiques d'intervention occidentale.

La volonté de la Chine de partager son expérience en matière de développement, l'importance qu'elle accorde aux projets d'infrastructure dans le cadre d'initiatives telles que "la Ceinture et la Route" et son plaidoyer constant en faveur d'un ordre mondial multipolaire sont autant d'éléments qui contribuent à son influence croissante. En outre, les avancées technologiques rapides de la Chine et son rôle croissant dans l'innovation mondiale créent un récit convaincant de progrès et de possibilités, ce qui renforce encore sa position en tant qu'acteur clé dans le façonnement de l'avenir du Sud mondial.

En résumé, l'analyse de Xu Qinduo révèle un monde à un tournant critique, où l'attrait du protectionnisme se heurte à l'impératif de la coopération mondiale. Il ne s'agit pas seulement de déficits commerciaux et de droits de douane, mais de l'architecture même des relations internationales, de l'équilibre délicat entre les intérêts nationaux et la prospérité partagée. Alors que les nations sont aux prises avec les répercussions d'une mondialisation fracturée et de la montée de la multipolarité, la voie à suivre exige que l'on s'éloigne des calculs dépassés à somme nulle. Au lieu de cela, il est essentiel de renouveler l'engagement en faveur du dialogue, du respect mutuel et d'une véritable compréhension des différentes perspectives.

Le défi ne consiste pas seulement à atténuer les perturbations économiques immédiates, mais aussi à forger un nouveau paradigme d'engagement mondial, qui reconnaisse les aspirations du Sud et favorise un avenir plus équitable et plus durable pour tous. En fin de compte, les choix faits aujourd'hui détermineront si nous descendons dans une ère de rivalité fragmentée ou si nous nous élevons vers un monde plus interconnecté et plus harmonieux.


 
Dernière édition:
Trump se tire (encore) une balle dans le pied !!!
En imposant une taxe pouvant atteindre 1 million de dollars à chaque navire Chinois entrant dans un port américain, Trump espère freiner les importations. Il oublie un petit détail : les bateaux qui déchargent leurs cargaisons de produits chinois sur le sol américain sont les mêmes qui doivent charger les produits américains exportés vers la Chine. En conséquence, les exportateurs américains peinent à trouver des navires pour exporter leurs marchandises… C'est ballot, non ? :hum: :siffle:
Encore une histoire d'arroseur arrosé ! :mur: