Il faudrait tout de même rappeler certains faits à propos de Carrefour. Car je ne vois aucunement le rapport entre les difficultés actuels du groupe et les syndicats français. Je ne suis pas spécialement pro syndicats, on connait les méthodes de la CGT en France qui sont une opposition systématique à toute évolution. Néanmoins, il faut arrêter de se voiler la face: les problèmes de Carrefour sont dû en partie à la crise, mais ça c'est pour pareille pour tout le monde, et surtout à des erreurs stratégiques et managériales monstrueuses. Tout ça encouragé, poussé, voulu, par le duo d'actionnaire Lagardère/Colony Capital.
Petit rappel des faits. En 2007 le groupe Lagardère et un fond d'investissement américain appelé Colony capital ont acheté, via une société commune appelée Blue capital et créée spécialement pour l'occasion au Luxembourg, 10% du capital du distributeur.
L'opération doit au départ être simple et rapide: Colony capital qui a financé son achat non pas sur fond propre mais en faisant un prêt veut du cash, et vite. L'objectif est donc de vendre une partie des murs des hypermarchés, d'empocher les dividendes, et de se retirer dans la foulée. En gros ça ne leur coûte rien, ils n'apportent rien et ils revendent ce qui peut rapporter du cash rapidement. Manque de bol pour eux, deux éléments vont venir perturber leur plan: la crise, qui va faire chuter le cours de l'action, et l'opposition d'une majorité des actionnaires. Il semblerait qu'ils n'ont pas tous une vision a court terme et qu'il était un peu compliqué d'expliquer en quoi revendre une part des murs et empocher l'argent pouvait être bénéfique au groupe. Surtout quand ces investissements ont déjà été amortis, qu'ils ne pèsent pas sur les bénéfices et que de futurs loyers seraient à payer.
http://www.economist.com/node/18958631
En septembre 2009,Blue Capital qui a toujours besoin d'argent frais (oui rappelez vous, il faut qu'ils remboursent leur prêt) propose une nouvelle solution: revendre ses actifs au Brésil et en Chine.
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=newsarchive&sid=aubWuGnYPWR4
Mais un mois plus tard, la vente a déjà du plomb dans l'aile: les autres actionnaires se demandent pourquoi vendre des supermarchés des pays émergents alors que c'est exactement là bas que la croissance de demain se trouve? Carrefour est présent depuis 1975 au Brésil et 1995 en Chine et a investit des milliards d'euros pour être présent, implanté, connu et reconnu sur ces marchés. Néanmoins, les ventes pourraient rapporter 13 milliards d'euros ce qui pourrait donner net d'impôt 10 euros/actions en dividende et ça c'est alléchant.
http://www.economist.com/node/14587923
Finalement la vente ne se fera pas: les actionnaires s'y opposent ainsi que le gouvernement chinois qui a toujours voulu respecter un équilibre entre Tesco, Wal Mart et Carrefour, équilibre qui aurait pu être rompu si par exemple Carrefour Chine avait été racheté par Wal Mart
En juin 2011, 77% des actionnaires approuvent la scission de Dia et Carrefour. Derrière cette nouvelle stratégie on retrouve tjs les blues brothers. Il faut tout de même les comprendre: 4 ans plus tôt les actions carrefour valaient 53 euros et elles en valent à cette époque 27 euros. Le titre n'a cessé de chuter, ils n'ont toujours pas pu vendre les filiales au Brésil et en Chine, ni Carrefour Property.
http://lexpansion.lexpress.fr/entre...-vert-a-une-scission-controversee_257493.html
Quand on lit les articles de l'époque, quelque soit les journaux, il est clairement fait allusion que cette scission n'a que peut d'intérêt pour le groupe et qu'elle est surtout voulue par les blues brothers. La vente de 25% de carrefour property qui est aussi proposée lors du vote de l'assemblée est elle refusée.
http://www.latribune.fr/entreprises...ue-de-faire-ses-emplettes-chez-carrefour.html
En novembre 2011, les blues brother annoncent qu'ils possèdent 16% du capital. Je vous ferait grâce de l'explication mais cette augmentation n'a pas coûtée un rond. Alors on se demande, mais pourquoi montent ils encore au capital? Pour les droits de votes bien sûr: ne pas pouvoir faire ce qu'on veut ça commence à devenir frustrant et avec ces 16% du capital, Blue Capital possède 22% des droits de vote, de quoi mettre un peu plus la pression.
http://www.latribune.fr/entreprises...son-benefice-carrefour-a-manque-de-flair.html
Quel bilan un an après la scission de DIA? En août 2012, DIA annonce des bénéfices en hausse: oui les espagnols, frappés vers la crise se sont tournés vers le hard discount (surprenant non?) et les ventes dans les pays émergents comme le brésil, l'argentine et la Chine ont augmentées de 20%.
On est maintenant en juin 2013, et cette histoire de la revente des parts de Carrefour Chine revient encore une fois sur la table. Alors je ne vois pas vraiment le rapport avec les syndicats français. Moi ce que je vois, c'est un groupe qui a des difficultés et un actionnaire devenu majoritaire qui essaye de dicter sa loi non pas dans l'intérêt du groupe mais uniquement dans le sien. Ce sont les blues brother qui ont imposés en 2009 Lars Olofsson à la présidence du groupe et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a échoué sur tout la ligne. Ci joint une liste non exhaustive des erreurs du suedois:
http://www.challenges.fr/entreprise/20120126.CHA9697/carrefour-les-5-erreurs-de-lars-olofsson.html
Contrairement à ce que j'ai lu ici, la Chine est loin d'être la vache à lait du groupe: il y a aussi ici de gros problèmes de management et c'est toujours en Europe que Carrefour fait 70% de son chiffre d'affaire. C'est grâce à l'argent fait chez nous que Carrefour a pu se développer à l'international, il ne faudrait pas l'oublier. Ne pas investir en Europe c'est quand même passer à côté d'un énorme marché et le panier moyen d'un chinois est encore loin du panier moyen d'un français.
En tous cas, les prochaines années risquent d'être houleuses: il va falloir retrouver une place perdue de leader en France, continuer à se développer en Chine, et tout ça en résistant aux pressions des blues brother: good luck.