Vous utilisez un navigateur non à jour ou ancien. Il ne peut pas afficher ce site ou d'autres sites correctement. Vous devez le mettre à jour ou utiliser un navigateur alternatif.
Nice : sous la pression de l’opposition, Estrosi renonce à subventionner l’institut Confucius, relais du pouvoir chinois
20 decembre 2024
L’association comptait sur une subvention en nature mais la délibération a été subitement retirée de l’ordre du jour en conseil municipal mercredi. Article : Tout était prêt. En conseil municipal mercredi, la municipalité de Christian Estrosi (Horizons) devait en principe adopter une convention avec l’institut Confucius, relais du pouvoir chinois visant à promouvoir la langue et la culture de l’empire du Milieu à l’international ainsi qu’à favoriser les échanges culturels. L’association comptait sur une subvention en nature, en l’occurrence un local de 45 mètres carrés mis à disposition par la ville en plein cœur du Vieux-Nice pour une durée de trois ans avec un loyer très préférentiel (-50%). En contrepartie, l’institut s’engageait non seulement à «assurer la visibilité» de la ville mais aussi à respecter «les principes de laïcité» et «s’abstenir de toute action portant atteinte à l’ordre public». Fruit d’une collaboration avec l’Université de Xiamen, ville jumelée avec Nice depuis 2014, la convention n’avait plus qu’à être soumise au vote. Ce n’est pourtant pas ce qui s’est passé. À la dernière minute, la délibération a été retirée de l’ordre du jour. Officiellement, la ville attendrait «des garanties» «suite à des alertes récentes de l’État». Pourtant, comme le rappelle justement le quotidien régional Nice-Matin, les alertes ne datent pas d’hier.
Risques d’ingérences
Dès 2021, un rapport du Sénat avait mis en évidence les risques d’ingérences de la Chine par le biais des instituts Confucius. «S’inspirant du réseau de l’Alliance française, les Instituts Confucius, présents en France depuis 2005, sont la manifestation la plus connue d’une influence étrangère, celle de la Chine» décrypte le rapport. Et d’ajouter : «Il est reconnu [...] que des sujets sont activement évités, et en particulier les thèmes dits “sensibles” comme le Tibet, Taïwan ou la répression des Ouïghours . Des stratégies d’évitement sont intériorisées par les établissements et conduisent à de l’autocensure de la part des personnes participant aux activités de l’institut».
Officieusement, il n’est pas difficile de faire le lien entre cette décision soudaine de la municipalité «estrosiste» et la conférence de presse organisée sur le sujet le matin même par Philippe Vardon, le chef de file du groupe d’opposition Identité-Libertés (le parti de Marion Maréchal). «En soulevant la question lors des réunions préalables au Conseil municipal, en décidant d’inscrire une intervention à l’ordre du jour du conseil et en organisant une conférence de presse sur la question, Philippe Vardon a contraint Christian Estrosi à retirer cette délibération !», s’est ainsi félicité le groupe par voie de communiqué mercredi midi. «Il faut dire qu’en plus de servir de relais à la propagande chinoise - les instituts Confucius ayant été voulus par le Parti communiste chinois en 2004 pour accompagner sa nouvelle stratégie internationale -, l’ICCA (l’institut Confucius Côte d’Azur, NDLR) est présidé par Christiane Amiel-Dinges, par ailleurs adjointe déléguée aux Relations internationales de la Ville de Nice. Pouvant se rapprocher d’un conflit d’intérêts, cette situation soulevée par Philippe Vardon a fait reculer la municipalité sur ce dossier», abonde le groupe de l’ancien «zemmouriste».
18 antennes en France
Présents dans 140 pays et sur le continent européen depuis une vingtaine d’années, les instituts Confucius s’organisent autour de colloques, cours, conférences et activités culturelles. Souvent intégrés au sein des établissements d’enseignement supérieur, ils font régulièrement l’objet d’accusations d’ingérences dans le monde académique. C’est en ce sens que plusieurs pays occidentaux ont pris des mesures à l’encontre de Confucius ces dernières années. Les États-Unis ont décidé de restreindre leur implantation en les classant parmi les «missions diplomatiques» en août 2020. La même année, la Suède a fermé l’ensemble de ses instituts. Ont suivi depuis, la Belgique ou encore la Grande-Bretagne. En France, dix-huit antennes de Confucius sont encore implantées.