Brexit : qui veut encore de la démocratie ?
Une chose est de se dire que soi-même, à la place d'un Britannique, on aurait voté pour rester dans l'UE, une autre est de souhaiter le pire suite au verdict populaire
Extrait : On s'est beaucoup inquiété ces derniers temps des aspirations illibérales qui peuvent traverser les classes populaires des pays développés. On a moins analysé un autre phénomène qui lui fait désormais face : une tentation, chez certaines élites, à ne plus voir en la démocratie que son minimum syndical - celui de garantir les droits individuels -, tout en réfutant de plus en plus au "peuple" la capacité à décider de son destin. "Ces élites-là disent : 'On vous garantit la liberté, et pour le reste, fichez-nous la paix', résume le philosophe Marcel Gauchet. Comme si les affaires du pays et du monde étaient devenues choses trop complexes pour ne pas être décidées par les experts. Comme si le peuple souverain était une sorte de superstition superflue, un héritage honorable mais obsolète du passé."
Le Brexit et les réactions qu'il a suscitées en ont fourni une belle illustration. Récemment, un intellectuel français - et pas des moins respectables - écrivait ainsi sur Twitter : "Pourvu que ça leur coûte cher [aux Anglais]. Pourvu qu'ils perdent leur puissance et leur rang. Pourvu que le pays s'appauvrisse, que les barrières douanières explosent, que les investisseurs s'en aillent, que la croissance chute, et que même les joueurs de foot s'exilent." Nulle nécessité de donner son nom : l'intellectuel s'est repenti depuis de cette pulsion mauvaise. Mais il est intéressant de citer ses mots, car ils sont représentatifs de ce que pensent beaucoup : les Anglais ont mal voté - et d'ailleurs, quelle idée stupide que ce référendum ! -, il faut que leur erreur dissuade les autres d'avoir les mêmes lubies suicidaires.
Une chose est de se projeter. De se dire que soi-même, à la place d'un Britannique, on aurait voté pour rester dans l'Union européenne. De penser qu'il y a plus à perdre qu'à gagner dans cette sécession. Une autre est de prévoir - de souhaiter, même - l'apocalypse, à la suite du verdict populaire.
Car c'en fut un. Certains pointent à raison les bobards et les manipulations 2.0 qui furent mises au jour dans la campagne pour le "Leave"
. Mais croire que le Brexit n'a tenu qu'à cela, c'est mépriser les dynamiques politiques qui ont conduit à ce résultat et que l'on pourrait résumer, avec les mots de David Goodhart (1), comme la victoire du peuple des "Quelque-part", c'est-à-dire "des moins instruits, plus enracinés, qui privilégient plutôt la stabilité et le familier, et ancrent leur identité dans un groupe ou un lieu", sur les gens de "Partout" - les hautement éduqués, souvent mobiles, qui privilégient l'ouverture sur le monde et qui définissent leur identité par rapport à la réussite, dans les études comme dans la vie professionnelle". Les "Quelque-part" ont-ils eu raison de croire que la sortie de l'Union améliorera leur sort ? L'avenir les fera-t-il regretter ?
Suite du constat >>>
Une chose est de se dire que soi-même, à la place d'un Britannique, on aurait voté pour rester dans l'UE, une autre est de souhaiter le pire suite au verdict populaire
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Tout est dit ca change des sempiternels scribouillards rageux qui attendent comme le Messie les depeches de l'AFP & de Reuters afin de proceder a des copies colles sur leurs feuilles de choux , et autres medias ! Grande Tribune