Qui seraient les liquidateurs français en cas d'accident nucléaire
"Si un accident de ce type se produisait en France, des «intervenants en situation d'urgence radiologique» seraient prêts à intervenir." - Je ne pense pas que l'on ait ce genre de héros chez nous en France malheureusement... Déjà pour porter secours à une petite vieille qui se fait tirer son sac il n'y a pas grand monde alors pour aller se faire irradier dans une centrale nucléaire en explosion, n'en parlons pas...
Bravo en tout cas pour ce post Malyn et un grand merci à ces Kamikazes japonais qui ont donné et donnent encore leurs vies pour autrui...
Le Point.fr - Publié le 18/03/2011 à 19:04 - Modifié le 18/03/2011 à 19:50
Par Guerric Poncet
Les graves problèmes rencontrés par la centrale nucléaire de Fukushima au Japon rappellent à tous les pays utilisant cette énergie qu'ils ne sont pas à l'abri d'un accident majeur. Avec 58 réacteurs répartis sur 19 sites, la France est obligée de se préparer à certains scénarios. Le degré de prise en compte des risques est très discuté : le gouvernement assure être prêt au pire de ce qui est "plausible", alors que les adversaires du nucléaire estiment que les hypothèses envisagées sont trop optimistes.
Si une centrale française devait subir un accident, la réponse serait en tout premier lieu l'affaire de l'exploitant, via un plan d'urgence interne. Suivraient les secours mobilisés à l'échelle départementale ou, en cas de besoin, par la zone de défense (groupement de régions) et par l'État. Les informations contenues dans le Plan particulier d'intervention (PPI), établi par les préfectures pour chaque site dangereux, sont vitales pour agir rapidement. Dès les premiers stades d'une telle opération, le gouvernement prendrait probablement la direction des opérations, tant pour les secours immédiats que pour la limitation des conséquences, via la cellule interministérielle de crise du ministère de l'Intérieur.
"Exposition justifiée" (ASN)
De nombreux intervenants seraient exposés. Des équipes de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), des employés de l'exploitant, des pompiers spécialisés et des spécialistes privés, notamment ceux du GIE Intra, un groupement inter-entreprises créé par des acteurs français du nucléaire. Toutes ces équipes, formées "à froid" (en prévision des risques), sont "médicalement suivies" et "conscientes des risques", selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Chacun est autorisé à recevoir des doses de radiation supérieures à celles des autres travailleurs : jusqu'à 100 millisieverts (mSv) pour une intervention. Si la vie de personnes est en jeu, cette limite peut être repoussée à 300 mSv, voire plus en cas de situation exceptionnelle, comme un accident nucléaire. À Fukushima, le taux était de 400 mSv mardi.
Les travailleurs du nucléaire, en temps normal, sont autorisés à recevoir 20 mSv. Des symptômes graves apparaissent à partir de 1 000 mSv, et les risques de mortalité à court terme sont forts à partir de 4000 mSv. Dans tous les cas, "il faut que l'exposition soit justifiée", explique l'ASN. Si une intervention risquée peut sauver de nombreuses vies, alors elle doit avoir lieu. L'exposition radiologique peut être "optimisée" en la répartissant entre les intervenants, c'est-à-dire en renouvelant régulièrement les équipes sur le terrain. Si une sécurisation de la zone est nécessaire, avec le blocage des routes notamment, les membres non spécialisés des forces de l'ordre sont sensibilisés et ne peuvent recevoir plus de 10 mSv.
Multiples acteurs
Les moyens français d'intervention en zone contaminée sont très divers, comme le relève une circulaire interministérielle sur les risques d'attentats nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques (NRBC). Les militaires sont les mieux équipés, avec notamment le 2e régiment de dragons de Fontevraud. Cette unité est amenée à intervenir en cas d'attentat, mais serait mobilisable pour un accident dans une centrale. Elle dispose de véhicules blindés spécialement équipés pour pénétrer en zone radioactive et effectuer des relevés et des analyses, ainsi que de véhicules de décontamination et des tenues de combat NRBC. Les pompiers de Paris et les marins-pompiers de Marseille, militaires eux aussi, disposent de moyens pour des interventions ciblées.
Les zones de défense (groupements de régions) disposent toutes de kits permettant à quelques centaines de gendarmes formés d'intervenir en milieu contaminé, notamment pour le maintien de l'ordre parmi les personnes atteintes par exemple. Concernant les secours, certains services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) disposent de cellules mobiles d'intervention radiologique (CMIR) et de lots d'urgence. Environ 70 chaînes de décontamination sont réparties à travers l'Hexagone, afin de traiter les personnes contaminées. Les Samu disposent tous d'ensembles d'intervention en milieu contaminé afin de secourir d'éventuelles victimes. Les unités d'élite de la police nationale (RAID) et de la gendarmerie (GIGN) sont aussi équipées afin de rechercher, protéger et extraire les personnalités en "ambiance contaminée".
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Le Point.fr - Publié le 18/03/2011 à 15:33
Équipés de combinaisons et de masques de protection, les "liquidateurs" sont malgré tout exposés aux radiations.
Source Reuters
Loin des caméras de télévision, quelque 300 hommes sans visage livrent un combat contre la montre pour tenter de rétablir les systèmes de refroidissement à la centrale de Fukushima-Daiichi et éviter une catastrophe nucléaire sans précédent depuis celle de Tchernobyl, en 1986. "J'ai les larmes aux yeux en pensant à leur travail", dit Kazuya Aoki, de l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle japonaise.
À la suite du séisme du 11 mars, des explosions et des incendies ont frappé la centrale située à 240 km au nord de Tokyo. Des fuites radioactives ont été enregistrées et l'eau s'est en partie, si ce n'est totalement, évaporée de piscines où sont entreposées les barres de combustibles usés. Faute d'eau pour les refroidir, les barres peuvent s'échauffer et dégager des radiations toxiques.
L'Agence de sûreté nucléaire et la compagnie Tepco, propriétaire de la centrale, reste très discrètes sur ces 304 ouvriers de l'ombre et sur leur tâche exacte. Elles n'ont pas précisé combien appartenaient à Tepco et combien travaillaient pour des sous-traitants ou pour l'armée. On ne sait pas davantage s'il s'agit de volontaires ou s'ils ont répondu à un ordre de mission. "C'est leur travail. Je pense qu'ils le font de leur propre gré. Ce n'est pas nécessaire de les convaincre : c'est quelque chose qu'ils doivent faire", estime Masato Furusawa, ouvrier du BTP à Tokyo. Cette attitude illustre une tradition nippone consistant à obéir sans réserve aux consignes d'un supérieur. Qu'il s'agisse de guerriers du XVIIe siècle au service d'un chef de guerre local ou de techniciens du nucléaire du XXIe siècle, les Japonais apprennent dès leur plus jeune âge à accomplir avec rigueur les missions qui leur sont confiées. Il en était de même pour les "tokkoutai", les forces spéciales d'attaque de la Seconde Guerre mondiale, dont faisaient partie les kamikazes qui n'hésitaient pas à aller jusqu'au sacrifice de leur vie.
Précautions
À Fukushima, des précautions sont bien sûr prises pour éviter de telles extrémités. Équipés de combinaisons, de lunettes et de masques de protection, les "liquidateurs" ne sont exposés aux radiations que pendant une durée limitée. La dose moyenne d'exposition en cinq ans d'un employé de centrale nucléaire est de 50 millisieverts. Tepco a déclaré vendredi que le plafond d'exposition pour des travaux d'urgence avait été relevé à 100 millisieverts par heure, avec un maximum de 250 millisieverts par an.
Cent millisieverts représentent environ dix fois la dose de radiation reçue si l'on vit pendant un an sur une plage brésilienne, selon l'agence japonaise de sûreté nucléaire. Un scanner médical de l'ensemble du corps représente une dose de 20 à 30 millisieverts. "À l'évidence, une dose accrue occasionne une certaine augmentation du risque, mais cela reste dans des limites qui ne devraient pas avoir de véritable effet", estime Tony Irwin, ancien directeur d'une centrale nucléaire en Australie.
Douche de décontamination
Les ouvriers sont dotés de détecteurs de radiation afin de s'assurer qu'ils ne sont pas surexposés et de déterminer quand ils ont atteint la dose limite. Après leur travail, ils se douchent encore vêtus de leur combinaison pour une première décontamination, ils retirent ensuite leur combinaison et prennent une nouvelle douche. Un contrôle de radioactivité est pratiqué sur tout le corps pour vérifier qu'il ne reste plus rien.
Les médias japonais n'ont pas précisé les identités ou les tâches des "liquidateurs" de Fukushima-Daiichi, mais l'agence japonaise Jiji rapportait mercredi les propos d'un technicien du nucléaire de 59 ans qui, à six mois de la retraite, s'est porté volontaire pour ce travail. "L'avenir de l'énergie nucléaire dépend de la manière dont cela sera géré. Je veux y aller, car j'ai le sentiment qu'il s'agit d'une mission", a-t-il dit à sa fille. Certains, à l'instar de Daisuke Nakao, 40 ans, ne voient là rien d'extraordinaire. "C'est leur travail, ils doivent le faire. Ils ne le font pas pour leur pays, et ils ne le font pas gratuitement - c'est pour cela que nous payons l'électricité et les impôts", dit-il. En revanche, Kumiko Tanaka, une Tokyoïte de 73 ans, exprime toute son admiration à ces travailleurs de l'ombre. "Ils prennent un tel risque pour nous. Je ne peux qu'être pleine d'une profonde gratitude. Je ne sais pas qui ils sont, mais je prie pour eux. Je crois qu'ils ont le sentiment d'une tâche supérieure qu'ils doivent accomplir pour leur pays. Lorsque tout cela sera fini, ils seront des héros."