La vie ruinée de Karim Ben Ali, lanceur d'alerte à ArcelorMittal
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Emilie Tôn,publié le 05/03/2019 à 06:00
Karim Ben Ali, chauffeur routier, lanceur d'alerte, a dénoncé le déversement d'acide dans la nature par ArcelorMittal.
PHOTOPQR/LE DAUPHINE/MAXPPP
L'intérimaire Mosellan voulait dénoncer la pollution des sols par ArcelorMittal. Après une dépression et un burn-out, il se retrouve à son tour sur le banc des accusés.
Si c'était à refaire, il s'abstiendrait. "Cette affaire m'a beaucoup trop coûté, souffle Karim Ben Ali, en touillant nerveusement son café. "J'ai perdu toute confiance en moi et plus personne ne veut m'employer." L'ancien chauffeur de camion le sait : son procès est celui d'un petit face aux grands. Et lui, cet homme dont le souci principal est l'avenir de ses enfants, a déjà trop payé. Ni écolo, ni engagé, l'intérimaire mosellan avait accepté de travailler en décembre 2016 pour un sous-traitant d'ArcelorMittal, l'un des principaux employeurs de la région, avec l'espoir de pouvoir offrir une console de jeux à son aîné. A l'époque, il n'avait pas idée des missions qui lui incomberaient. Remplir des cuves, conduire le camion, les vider à l'endroit indiqué. Mais interdiction de divulguer leur contenu, ni de
communiquer publiquement sur ces substances déversées dans un crassier, au beau milieu de la forêt de Marspich.