En Chine, les Ferrari sont des mauvais présages
LE MONDE | 05.09.2012
Lien retiré
C'est par les Ferrari que les scandales arrivent en Chine communiste : celle, de couleur rouge, dans laquelle Bo Guagua, le fils de Bo Xilai, s'était prétendument rendu à un rendez-vous avec la fille de l'ambassadeur américain à Pékin, début 2011, fut – lorsqu'elle apparut en "une" du Wall Street Journal, le 26 novembre de la même année – annonciatrice de la chute de la maison Bo.
Quand l'information s'est avérée partiellement fausse plusieurs mois plus tard, les époux Bo avaient déjà été engloutis dans un scandale encore plus étourdissant : le meurtre de l'Anglais Neil Heywood.
C'est de nouveau une Ferrari qui hante le débat politique en Chine : celle, de couleur noire, au volant de laquelle Ling Gu, 20 ans, fils d'un autre cadre dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Ling Jihua, se serait tué à l'aube du 18 mars, accompagné de deux jeunes femmes sur un périphérique de Pékin.
Le black-out qui avait entouré à l'époque l'accident provoqua une frénésie de spéculations sur le Web au sujet de l'identité du décédé, qui n'a à ce jour pas été confirmée. Les deux passagères furent gravement blessées.
LUTTES DE POUVOIR À L'APPROCHE DU 18[SUP]E[/SUP] CONGRÈS
Ling Jihua n'est autre que le chef de la direction générale du comité central du PCC, l'équivalent du chef de cabinet du président chinois. Il est issu de la Ligue de la jeunesse, le corps d'appartenance de Hu Jintao – opposé à celui des "fils de prince", dont Bo Xilai fut l'un des représentants.
Cela fait certes plus de deux mois que circule dans les médias chinois d'outremer, caisse de résonance des tabous du monde politique chinois, l'implication du fils de Ling Jihua dans l'accident.
Un professeur de relations internationales de l'université de Pékin, qui a donné des cours à Ling Gu en 2007- 2008, joint par Le Monde, a eu la confirmation par des camarades du jeune homme que celui-ci n'est pas venu en classe depuis la mi-mars.
L'affectation de son père Ling Jihua, le 1[SUP]er[/SUP] septembre, à un nouveau poste, celui de chef du département du Front uni du PCC – chargé des liens avec les minorités ethniques et les "entités non communistes" – a propulsé l'affaire, lundi 3 septembre, dans les pages du quotidien anglophone de Hongkong, le South China Morning Post.
Ling Jihua, 55 ans, pressenti pour accéder au bureau politique, voire à son fameux Comité permanent, lors du 18[SUP]e[/SUP] congrès d'octobre, aurait été mis sur la touche.
D'autres observateurs sont plus circonspects : les changements de postes à la tête de la direction générale ont lieu en septembre. Et au moins une ancienne chef du département du Front uni, Liu Yandong, a accédé au bureau politique en 2007.
Une chose ne fait pas de doute : l'affaire confirme l'intensité des luttes de pouvoir à l'approche du Congrès. "Ces attaques contre les enfants des dirigeants sont un moyen de cacher la nature politique des affrontements. On préfère cibler le style de vie que les affiliations politiques", note le sinologue Jean-Philippe Béja, basé à Pékin.
LE MONDE | 05.09.2012
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C'est par les Ferrari que les scandales arrivent en Chine communiste : celle, de couleur rouge, dans laquelle Bo Guagua, le fils de Bo Xilai, s'était prétendument rendu à un rendez-vous avec la fille de l'ambassadeur américain à Pékin, début 2011, fut – lorsqu'elle apparut en "une" du Wall Street Journal, le 26 novembre de la même année – annonciatrice de la chute de la maison Bo.
Quand l'information s'est avérée partiellement fausse plusieurs mois plus tard, les époux Bo avaient déjà été engloutis dans un scandale encore plus étourdissant : le meurtre de l'Anglais Neil Heywood.
C'est de nouveau une Ferrari qui hante le débat politique en Chine : celle, de couleur noire, au volant de laquelle Ling Gu, 20 ans, fils d'un autre cadre dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Ling Jihua, se serait tué à l'aube du 18 mars, accompagné de deux jeunes femmes sur un périphérique de Pékin.
Le black-out qui avait entouré à l'époque l'accident provoqua une frénésie de spéculations sur le Web au sujet de l'identité du décédé, qui n'a à ce jour pas été confirmée. Les deux passagères furent gravement blessées.
LUTTES DE POUVOIR À L'APPROCHE DU 18[SUP]E[/SUP] CONGRÈS
Ling Jihua n'est autre que le chef de la direction générale du comité central du PCC, l'équivalent du chef de cabinet du président chinois. Il est issu de la Ligue de la jeunesse, le corps d'appartenance de Hu Jintao – opposé à celui des "fils de prince", dont Bo Xilai fut l'un des représentants.
Cela fait certes plus de deux mois que circule dans les médias chinois d'outremer, caisse de résonance des tabous du monde politique chinois, l'implication du fils de Ling Jihua dans l'accident.
Un professeur de relations internationales de l'université de Pékin, qui a donné des cours à Ling Gu en 2007- 2008, joint par Le Monde, a eu la confirmation par des camarades du jeune homme que celui-ci n'est pas venu en classe depuis la mi-mars.
L'affectation de son père Ling Jihua, le 1[SUP]er[/SUP] septembre, à un nouveau poste, celui de chef du département du Front uni du PCC – chargé des liens avec les minorités ethniques et les "entités non communistes" – a propulsé l'affaire, lundi 3 septembre, dans les pages du quotidien anglophone de Hongkong, le South China Morning Post.
Ling Jihua, 55 ans, pressenti pour accéder au bureau politique, voire à son fameux Comité permanent, lors du 18[SUP]e[/SUP] congrès d'octobre, aurait été mis sur la touche.
D'autres observateurs sont plus circonspects : les changements de postes à la tête de la direction générale ont lieu en septembre. Et au moins une ancienne chef du département du Front uni, Liu Yandong, a accédé au bureau politique en 2007.
Une chose ne fait pas de doute : l'affaire confirme l'intensité des luttes de pouvoir à l'approche du Congrès. "Ces attaques contre les enfants des dirigeants sont un moyen de cacher la nature politique des affrontements. On préfère cibler le style de vie que les affiliations politiques", note le sinologue Jean-Philippe Béja, basé à Pékin.