Après la fermeture de MegaUpload, le streaming illégal a muté en profondeur
Le Monde.fr | 17.04.2012
Lien retiréPeu après la fermeture des sites de la galaxie MegaUpload, le marché du streaming illégal et du téléchargement direct a amorcé une recomposition en profondeur : Lien retiré commandé par la Hadopi à l'institut Idate, publié lundi 16 avril, dresse un premier portrait d'un marché en pleine mutation.
La fermeture de MegaVideo, MegaUpload et d'autres site liés a-t-elle réduit la diffusion illégale d'œuvres ? Passés les premiers jours, la fermeture des principales plateformes de diffusion de vidéos illégales en streaming ou de fichiers en téléchargement direct semble avoir eu un impact relativement net sur le streaming, mais beaucoup plus mesuré sur les services de téléchargement direct.
En se basant sur les chiffres du service Alexa, sujets à caution car leur méthodologie tend à sur-représenter les internautes américains, l'Idate note que le trafic global sur les sites de streaming concurrents de MegaVideo était en diminution. Outre MegaVideo, deux autres sites importants, VideoBB et Videozer, ont supprimé une grande partie des contenus hébergés de manière illégale sur leurs plateformes, ce qui a entraîné une chute de leur fréquentation."Cette baisse (...) n'est pas compensée par une percée des acteurs restants et/ou de nouveaux entrants qui imposent pour le moment de lourdes restrictions d'usage", écrit l'Idate.
L'ESSOR DE SERVICES DE STREAMING PAYANTS
En effet, plus encore qu'une évolution des usages, la fermeture de la galaxie MegaUpload semble avoir provoqué un bouleversement dans le modèle économique des sites de streaming. Deux services ont particulièrement profité de la fermeture de MegaVideo : PureVid et MixtureVideo. D'après les mesures de l'Idate, ces deux sites se partagent aujourd'hui 90 % des liens présents sur les annuaires référençant les vidéos diffusées illégalement en streaming sur les moteurs et annuaires spécialisés.
Mais contrairement à MegaVideo, ces deux sites imposent des limitations très fortes au visionnage des vidéos pour les internautes qui n'ont pas souscrit un abonnement payant. MegaVideo permettait aux utilisateurs de regarder gratuitement 72 minutes de vidéo ; au-delà, l'internaute devait attendre une heure, ou souscrire un abonnement payant. PureVid est bien plus stricte en limitant le visionnage gratuit aux dix premières minutes ; MixtureVideo va plus loin, réservant tout visionnage à ses abonnés payants. Ce dernier a également profité de la disparition de MegaVideo pour relever sensiblement ses tarifs, sauf sur les abonnements à l'année, note l'Idate.
Plus généralement, la fermeture de MegaVideo semble avoir concentré le marché du streaming illégal sur de nouveaux acteurs, qui touchent une cible plus restreinte que ne le faisait MegaVideo, mais qui se concentrent sur un modèle payant et illimité.
LE TÉLÉCHARGEMENT DIRECT MOINS IMPACTÉ
Pour ce qui est du téléchargement direct, le nombre d'acteurs en jeu - un service de téléchargement direct est plus simple et moins coûteux à mettre en place qu'un service de streaming - a fait que le trafic de MegaUpload semble s'être reporté sur de nombreux services.
Se basant toujours sur les chiffres d'Alexa, l'Idate note que le trafic sur les différentes plateformes a augmenté en février. "Cette hausse pourrait être due d'une part à un transfert des utilisateurs de MegaUpload, mais également d'une partie des utilisateurs des formules d'accès gratuit aux contenus en streaming", analyse le cabinet, dont l'étude ne couvre pas les impacts sur les autres modes de téléchargement, comme le P2P, qui semble aussi avoir bénéficié d'un report partiel des anciens utilisateurs de MegaUpload et MegaVideo. Autre évolution majeure : les services de téléchargement direct ont largement abandonné ou réduit leurs pratiques d'affiliation ou de rémunération des utilisateurs alimentant leurs plateformes en contenus. L'acte d'accusation contre MegaUpload se basait notamment sur ces rémunérations, considérées comme une incitation directe à la publication de contenus protégés par le droit d'auteur.
Perturbés dans leur fonctionnement après la fermeture de MegaUpload, les annuaires et moteurs de recherches de liens de téléchargement direct - ces services ne proposant pas de moteurs de recherche internes - semblent avoir conservé un trafic stable. "Le temps nécessaire au remplacement des liens sur les sites de référencement a perturbé le marché, mais le trafic augmente sur les services qui restent actifs", écrit l'Idate.
LA PISTE DES PARTENAIRES ÉCONOMIQUES
Le rapport de l'Idate, principalement consacré au modèle économique de ces différents services, ne suggère pas de pistes pour lutter contre le streaming illégal ou le téléchargement direct. La Hadopi, dont la mission de lutte contre le téléchargement illégal se concentre exclusivement sur le téléchargement P2P, a été chargée par Nicolas Sarkozy de faire des propositions en ce sens pour début 2012.
La Haute autorité avait laissé entendre qu'elle étudiait avant tout des solutions consistant à viser les outils de financement des sites de streaming, par le biais des services de paiement ou les régies publicitaires.
Le Monde.fr | 17.04.2012
Lien retiréPeu après la fermeture des sites de la galaxie MegaUpload, le marché du streaming illégal et du téléchargement direct a amorcé une recomposition en profondeur : Lien retiré commandé par la Hadopi à l'institut Idate, publié lundi 16 avril, dresse un premier portrait d'un marché en pleine mutation.
La fermeture de MegaVideo, MegaUpload et d'autres site liés a-t-elle réduit la diffusion illégale d'œuvres ? Passés les premiers jours, la fermeture des principales plateformes de diffusion de vidéos illégales en streaming ou de fichiers en téléchargement direct semble avoir eu un impact relativement net sur le streaming, mais beaucoup plus mesuré sur les services de téléchargement direct.
En se basant sur les chiffres du service Alexa, sujets à caution car leur méthodologie tend à sur-représenter les internautes américains, l'Idate note que le trafic global sur les sites de streaming concurrents de MegaVideo était en diminution. Outre MegaVideo, deux autres sites importants, VideoBB et Videozer, ont supprimé une grande partie des contenus hébergés de manière illégale sur leurs plateformes, ce qui a entraîné une chute de leur fréquentation."Cette baisse (...) n'est pas compensée par une percée des acteurs restants et/ou de nouveaux entrants qui imposent pour le moment de lourdes restrictions d'usage", écrit l'Idate.
L'ESSOR DE SERVICES DE STREAMING PAYANTS
En effet, plus encore qu'une évolution des usages, la fermeture de la galaxie MegaUpload semble avoir provoqué un bouleversement dans le modèle économique des sites de streaming. Deux services ont particulièrement profité de la fermeture de MegaVideo : PureVid et MixtureVideo. D'après les mesures de l'Idate, ces deux sites se partagent aujourd'hui 90 % des liens présents sur les annuaires référençant les vidéos diffusées illégalement en streaming sur les moteurs et annuaires spécialisés.
Mais contrairement à MegaVideo, ces deux sites imposent des limitations très fortes au visionnage des vidéos pour les internautes qui n'ont pas souscrit un abonnement payant. MegaVideo permettait aux utilisateurs de regarder gratuitement 72 minutes de vidéo ; au-delà, l'internaute devait attendre une heure, ou souscrire un abonnement payant. PureVid est bien plus stricte en limitant le visionnage gratuit aux dix premières minutes ; MixtureVideo va plus loin, réservant tout visionnage à ses abonnés payants. Ce dernier a également profité de la disparition de MegaVideo pour relever sensiblement ses tarifs, sauf sur les abonnements à l'année, note l'Idate.
Plus généralement, la fermeture de MegaVideo semble avoir concentré le marché du streaming illégal sur de nouveaux acteurs, qui touchent une cible plus restreinte que ne le faisait MegaVideo, mais qui se concentrent sur un modèle payant et illimité.
LE TÉLÉCHARGEMENT DIRECT MOINS IMPACTÉ
Pour ce qui est du téléchargement direct, le nombre d'acteurs en jeu - un service de téléchargement direct est plus simple et moins coûteux à mettre en place qu'un service de streaming - a fait que le trafic de MegaUpload semble s'être reporté sur de nombreux services.
Se basant toujours sur les chiffres d'Alexa, l'Idate note que le trafic sur les différentes plateformes a augmenté en février. "Cette hausse pourrait être due d'une part à un transfert des utilisateurs de MegaUpload, mais également d'une partie des utilisateurs des formules d'accès gratuit aux contenus en streaming", analyse le cabinet, dont l'étude ne couvre pas les impacts sur les autres modes de téléchargement, comme le P2P, qui semble aussi avoir bénéficié d'un report partiel des anciens utilisateurs de MegaUpload et MegaVideo. Autre évolution majeure : les services de téléchargement direct ont largement abandonné ou réduit leurs pratiques d'affiliation ou de rémunération des utilisateurs alimentant leurs plateformes en contenus. L'acte d'accusation contre MegaUpload se basait notamment sur ces rémunérations, considérées comme une incitation directe à la publication de contenus protégés par le droit d'auteur.
Perturbés dans leur fonctionnement après la fermeture de MegaUpload, les annuaires et moteurs de recherches de liens de téléchargement direct - ces services ne proposant pas de moteurs de recherche internes - semblent avoir conservé un trafic stable. "Le temps nécessaire au remplacement des liens sur les sites de référencement a perturbé le marché, mais le trafic augmente sur les services qui restent actifs", écrit l'Idate.
LA PISTE DES PARTENAIRES ÉCONOMIQUES
Le rapport de l'Idate, principalement consacré au modèle économique de ces différents services, ne suggère pas de pistes pour lutter contre le streaming illégal ou le téléchargement direct. La Hadopi, dont la mission de lutte contre le téléchargement illégal se concentre exclusivement sur le téléchargement P2P, a été chargée par Nicolas Sarkozy de faire des propositions en ce sens pour début 2012.
La Haute autorité avait laissé entendre qu'elle étudiait avant tout des solutions consistant à viser les outils de financement des sites de streaming, par le biais des services de paiement ou les régies publicitaires.