Bonjour,
Je suis assez d’accord avec toi (béarnaise) sur ces pertes de valeurs qui faisaient la richesse de la Chine. Je mettrai un grand bémol à ta thèse. Shanghai et toutes les grandes villes ne représentent qu’un pourcentage minime de la Chine.
Je connais la Chine depuis 1996 et les choses ont bien évoluées dans ces mégalopoles démesurées. Capitalisme, libéralisme et perte identitaire de la culture ancestrale (et de plus en plus de xénophobie, n’en déplaise à certains, mais j’éviterai ce sujet). Tout est axé sur la réussite et l’apparence. Il faut paraître et non être. J’ai vu mes amis chinois de longues dates changés, mais je les apprécie toujours et ils m’apprécient pour ce que je suis et j’étais. Mais la relation à changé et surtout nos échanges.
Au début, les sujets étaient apprendre, respect, entraide, partage, envie de réussir, maintenant c’est :j’ai, je possède, je veux plus, mon (mes) appartement vaut, ma voiture (euh nos voitures), argent, bourse, actions, mon vingtième Gucci (pas des copies) et surtout je veux la même chose que l'autre.
C’est vrai qu’ils ont tous réussis (entre cadres du système, fonctionnaires de haut niveau, businessmen ou women) mais ils ne savent pas apprécier ce qu’ils ont et oublié d’où ils viennent.
J’ai eu l’occasion de partir faire une mission de 9 mois perdus au milieu de la Chine. La réaction de mes amis chinois a été « Mais tu es fou, personne ne peut vivre en dehors du confort, du système de consommation et surtout pas un français. Même les chinois ne veulent pas y aller ». Et pourtant, d’où viennent-ils mes amis ?
Ils ont oublié leur racines profondes, leur enfance avec les tickets de rationnements dans les années 80 (200 gr de viande par mois pour une famille de 4, les files d’attentes interminables pour du riz, de la viande, un bonbon par an et pour deux comme cadeau, pas d’électricité après 19h00,etc…). Lobotomisés, endoctrinés, drogués par la course effrénée à la réussite.
Le chat est repu mais il veut encore attraper une souris plus grosse. (C’est vrai, peu importe la couleur du chat pourvu qu’il soit …vêtu d’un ensemble Louis Vuitton ou autre marque et avec tous les accessoires de la même marque tel un sac, un porte monnaie bien garni de billets, etc..).
Cette mission donc, je l’ai vécu comme une seconde découverte de la Chine tel un bond en arrière.
Bon, c’est vrai que les conditions étaient terribles. Pas toujours à manger (à part du riz, du tofu et du piment), pas d’hygiène quotidienne (de l’eau au compte goutte, au sens propre comme au sens figuré), pas toujours du chauffage avec des températures de moins 30 (dormir avec -17 dans sa chambre, je peux vous dire que c’est terrible), isolé du monde à 2500 mètres d’altitude, premier village (euh je dirai baraquement) à 10 Km et la ville (4000 habitants) la plus proche à 80Km (il faut environ 4 heures de route de montagne pour accéder à ce paradis et encore, il faut que la route sinueuse à souhait soit praticable).
Mais quelle riche expérience. Moi avec quelques deux cent chinois au milieu de nulle part, mais avec deux objectifs majeurs : finir le projet et vivre.
Et j’ai trouvé pourquoi j’ai accepté cette mission : La convivialité, le partage, l’entraide, la famille (mon client chinois m’a dit plusieurs fois : tu es notre frère et tu fais partie de notre famille. Quel honneur en toute sincérité).
J’ai retrouvé les vraies valeurs de la Chine. Autour de nous, j’ai vu les paysans (et oui, malgré le contexte et l’environnement, des paysans habitent à tenir dans ces zones) s’entraider, partager et réussir à vivre. J’ai vu des sourires sincères. Il est vrai que j’ai souhaité participer à pas mal de truc.
Par exemple, lors d’une de mes rares journées libres, j’ai essayé de labourer avec un buffle et je peux vous dire que ce n’est pas aisé. J’ai aidé à rangé du maïs fraichement coupé (fraichement par rapport à la température, bien évidemment). Et sans parler la langue locale (de toute façon mon mandarin est incompréhensible, euh même pour moi parfois), il y a eu un échange avec les autochtones. Et surtout des rires, des sourires et de la compréhension. Le « laowai » est sympa, amusant et comme nous, un être humain mais il ne sait pas labourer.
Bon, mon témoignage est quelque peu long et basé sur des faits perso (peut-être pas représentatif) mais je souhaite minimaliser et relativiser la réaction de notre amie chinoise. Il est vrai que les grandes villes changent et pas dans le bon sens, mais l’essentiel de la Chine (on peut le quantifier à 60%) a gardé les traditions ancestrales et ses valeurs.
On pourrait faire la même conclusion entre Paris et le Béarn (ou autre région de la France), n’est-ce-pas ? Paris, c’est la France ? (excepté pour un parisien bien évidemment).
Regardez les informations récentes. Quelques flocons de neige sur Paris et LA FRANCE est bloquée. Comparez la mentalité des parisiens, des lyonnais avec le reste de la France. Tout est histoire de nombrilisme.
Allez, je vous présente à tous mes meilleurs vœux, et vive la Chine, la France et le monde.
je conclurai par une citation de Montesquieu : Aujourd'hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières.