La GoPro, du prototype au phénomène planétaire
LE MONDE | 14.03.2013
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La scène se passe à Hawaï. Au milieu d'une eau turquoise, un jeune homme, tuba et maillot rouge, se baigne aux côtés d'une tortue. La vidéo est en ultra-haute définition. Pourtant elle n'a pas été tournée par un professionnel. C'est le jeune homme lui-même qui s'est filmé avec sa propre caméra : une GoPro.
Des vidéos comme celles-ci, YouTube, la plate-forme de Google, en recense des centaines de milliers. Toutes tournées à l'aide de la GoPro. Arrivées sur le marché en 2005 aux Etats-Unis, ces petites caméras font un tabac auprès des jeunes sportifs. Petites et facilement transportables, elles présentent l'avantage d'être antichocs et imperméables à l'eau.
Elles disposent de toutes sortes d'accessoires permettant de les fixer un casque, à un vélo ou encore à une planche de surf. En outre, elles offrent une qualité vidéo exceptionnelle : la dernière génération permet d'obtenir des images en 4K, la meilleure qualité de vidéo à ce jour.
Grâce à ces petites caméras, Nick Woodman, fondateur et principal actionnaire de Woodman Labs, l'entreprise qui les conçoit, est devenu, à 36 ans, le dernier milliardaire à rejoindre le célèbre classement du magazine Forbes.
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Mark Roberts, alpiniste de 47 ans, chute de 30 mètres dans les montagnes du Pays de Galles. Il s'en sortira avec une simple blessure à la cheville. La vidéo, postée par le Conseil britannique d'alpinisme, a fait le tour du monde cette semaine.
PASSIONNÉ DE SURF
L'aventure GoPro commence en 2001. A l'époque, M. Woodman était un jeune californien au chômage qui s'adonnait régulièrement à sa passion, le surf. "Il voulait se mettre en scène dans des photos et des vidéos, raconte Rick Loughery, porte-parole de l'entreprise. Alors, il a eu l'idée de se doter d'une caméra avec une coque antichoc et de sangles pour l'attacher à son corps ou à son front."
C'est ainsi que M. Woodman a fabriqué ses premiers prototypes qui ont fait un tabac auprès de ses amis surfeurs. Il crée alors l'entreprise Woodman Labs en 2005 et commence à vendre ses premières caméras. "Très vite, nous avons décidé de les distribuer gratuitement à des sportifs pour qu'ils puissent les tester et montrer aux autres ce qu'elles peuvent faire", commente M.Loughery. La communauté de fans de sports extrêmes s'en empare et se met à poster des vidéos et photos sur les réseaux sociaux à un rythme effréné. Un véritable phénomène. Des sites et des blogs entièrement consacrés à ces contenus ont même été créés.
En 2012, c'est avec une caméra GoPro que Felix Baumgartner a filmé son extraordinaire saut de 40 000 mètres. Une vidéo vue par plus de 33 millions de personnes sur YouTube. "Nous avons été très actifs sur les réseaux sociaux, nous avons commenté les événements de ce type et en avons posté les vidéos et les photos de la communauté sur nos propres pages et tous les jours sur Twitter", remarque M. Loughery.
RUPTURE DE STOCK
L'engouement pour les GoPro a largement dépassé la communauté des sportifs."C'est impressionnant : des gens aux profils très variés, des adolescents, des adultes, viennent m'en parler", explique Bernard Prat, chef de produit à la Fnac. En France, les caméras GoPro ont même été en rupture de stock pendant plusieurs mois en 2012 tant la demande était forte. "Nous avons eu quelques difficultés à répondre à la demande, mais ça va mieux et les capacités de productions ont été augmentées", justifie le responsable de Woodman Labs. "Il faut dire que c'est une qualité exceptionnelle et que même si ça demeure assez cher (entre 300 et 400 euros), ça reste plus accessible que les caméras professionnelles", commente M. Prat.
Selon les chiffres communiqués par l'entreprise, 3 millions de caméras GoPro auraient été vendues depuis 2009. L'entreprise, dont les machines sont conçues en Californie mais fabriquées en Chine, croît à une vitesse exponentielle, triplant son chiffre d'affaires chaque année depuis 2010. Elle est valorisée à 2,25 milliards de dollars (1,74 milliard d'euros). Reste à espérer qu'aucun géant de l'électronique comme Samsung ou Sony ne se mette sur le créneau.