Le ver qui rajeunit après avoir vieilli
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2016/06/22/le-ver-qui-rajeunit-apres-avoir-vieilli/
C’est une étrange histoire – quelque part entre celle de Peter Pan, l’enfant qui ne grandit pas, et celle de Benjamin Button, cet homme né vieillard qui passe sa vie à rajeunir – que raconte
Lien retiré. Une histoire qui montre que le vieillissement n’est pas un chemin conduisant en droite ligne de la naissance à la mort mais que ce sentier peut faire des virages, voire des demi-tours… Le personnage principal de ce scénario est le ver nématode
Caenorhabditis elegans, une petite bestiole d’un millimètre de long lorsqu’elle est adulte.
C. elegans constitue ce qu’en biologie on appelle un organisme-modèle. C’est aussi le chouchou des spécialistes du vieillissement, parce qu’on sait assez exactement comment il se développe et comment il meurt et parce que, étant transparent, on peut facilement examiner le millier de cellules qui le composent au microscope.
C. elegans présente une autre particularité intéressante. Lorsqu’il n’est qu’une larve, un bébé-ver, il est possible, en le privant de nourriture, de le mettre dans une sorte d’hibernation, un état de dormance où son développement s’arrête et où il peut survivre un mois – alors même que sa durée de vie normale n’est que de deux semaines… Il bouge toujours mais reste larve. Voilà pour le côté Peter Pan. Si on le nourrit de nouveau, le ver reprend le cours de son existence là où il s’était arrêté, se remet à grandir et va vivre ses deux semaines.
Antoine Roux, le premier auteur de l’étude de
Cell Metabolism, est un chercheur français spécialisé dans le vieillissement qui s’est expatrié aux Etats-Unis pour travailler à l’université de Californie à San Francisco. Il œuvre maintenant pour
Calico Life Sciences, entreprise de biotechnologies lancée par Google en 2013,dont le but est précisément, en ciblant le vieillissement cellulaire, de lutter contre les maladies liées à l’âge. Il m’a expliqué que, jusqu’à présent,
« le “dogme” était que, en état de dormance, ces larves de C. elegans
ne vieillissaient pas. La meilleure preuve en était que leur durée de vie adulte était égale à celle des autres vers. »