Raconte toi l'histoire comme tu veux te la raconter mais les faits sont la :
- une cinquantaine de réacteurs dont la construction est lancée il y a 50 ans (et finis pour la plupart fin des années 70 et 1986 pour le dernier).
- pendant les 20 ans qui ont suivi plus rien en France jusqu'au projet d'EPR lancé début 2008 qui entrera en service au mieux début 2023 et quelques projets à l'étranger mais bien loin de la dynamique des années 70.
- Fukushima ca a déjà 11 ans également... donc quand se sont enchainé arrêt allemand du nucléaire, puis annonces par les Français du désengagement dans le nucléaire ca a juste été le coup de grâce (les déboires sur l'EPR n'aidant pas).
Perso je ne m'extasie pas qu'on ait embauché pour remplacer
UNE PARTIE des gens au départ à la retraite pour continuer à maintenir les centrales existantes c'est pas ca qui dynamise une filaire. Et donc oui ca va être un vrai challenge de recruter et former pour construire autant de centrales dans la décennie à venir.
Ce qui est génial, c'est que j'étais personnellement à EDF pendant 2 ans avant Fukushima, je partage des témoignages d'employés d'EDF que j'ai cotoyés, je rapporte des témoignages du plus haut niveau d'EDF (désolé mais je ne peux pas faire mieux que Marcel Boiteux et Henri Proglio - surnommé l'
Imbroglio par François Hollande), et malgré ça, je lis sur bonjourchine.com que je me raconte des histoires
Déjà, je n'ai pas dit que recruter et former des gens sera facile. J'ai même plutôt dit l'inverse, en disant qu'il y avait déjà eu un manque de compétence. On m'expliquait aussi qu'il fallait 10 ans pour que quelqu'un devienne bon dans le nucléaire.
J'ai simplement dit que la filière nucléaire n'était pas présentée comme un filière
sans avenir depuis des décennies, nuance. C'était plutôt quelque chose considéré comme solide, pas flamboyant, mais solide avec les lancements de l'EPR de Flamanville et celui en Finlande, ainsi que ceux en Chine sur lesquels EDF travaillait, et des centaines de milliers de personnes travaillant dans le secteur. Donc non, ce n'était pas présenté comme un secteur en déshérence.
Ensuite le dernier réacteur en France n'a pas fini d'être construit en 1986, mais bien après (Civaux 2 a été raccordé en 1999 et mise en service en 2002, et mis a part Civaux 2 il y a eu au moins Civaux 1, Golfech et Chooz aprés 1986). Donc tu te trompes sur ce point.
De plus, nous n'avions aucunement besoin d'une
dynamique comme dans les années 70, tout simplement parce qu'on ne partait de 0, que la production d'électricité en France était largement excédentaire malgré un coefficient de disponibilité qui n'était pas terrible. Oui, cela aurait été bien de lancer quelques tranches par ci par là, pour assurer un roulement, mais pas de là à
dynamiser la filière pour qu'il y ait 20 réacteurs en plus à l'heure actuelle et cinq autres en construction (cela aurait été ça d'avoir comme tu le dis
une dynamique des années 70).
Maintenant, tu déplores qu'on a pas construit de centrales nucléaires: oui, mais lorsque j'étais chez EDF la problématique était inverse: EDF était trop gros selon la Commission Européenne, en monopole et en surproduction par rapport
au marché. Ce qui se tramait à l'époque c'était plutôt la vente de centrales nucléaires française à des opérateurs privés (si, si !...). Et oui. Là ce que tu déplores c'est que le marché n'a pas suivi sur les investissements. Parce que je suis désolé, mais depuis 2002 le marché a été dé-réglementé sur pressions européennes en plusieurs étapes. Que des français aient accepté n'empêche pas que ces pressions ont existé et surtout que les français doivent accepter les conséquences ad vitam eternam.
Si on t'écoute il aurait fallu faire comme dans les années 70, que l'état intervienne directement dans l'économie, comme lorsque les règles de la européenne sur la concurrence n'existaient pas. Je te laisse mesurer
l'imbroglio pour un européiste, n'est-ce pas?
Pour moi le scandale n'est pas tant qu'on a pas plus de réacteurs à l'heure actuelle. Après-tout pour l'instant, il n'y as pas eu de black-out. Pour moi le scandale est que la filière nucléaire a été démembrée pièces par pièce contre les intérêt du pays. Parce que c'est une chose que devoir construire 6 réacteurs, mais la situation est complètement différente lorsque les acteurs existent, sont ordonnés et savent qu'ils doivent faire, et lorsque les acteurs ont été structurellement affaiblis, comme c'est le cas actuellement. Et je suis désolé, mais si c'est comme ça à l'heure, c'est à cause en grande partie du à ces règles débiles de l'Union Européenne, cf Marcel Boiteux, cf Henri Proglio, cf Projet Hercule,
cf attaque de la Commission sur la France, cf loi NOME de 2011,
cf pressions de Mario Monti, ...