Dix mots d’argot que seuls les habitués des bars comprendront
«Sucer une pêche», «boire en suisse»... Connaissez-vous ces mots de la langue verte? Le Figaro vous propose de le découvrir grâce au livre L’argot du bistrot de Robert Giraud.
Expressions : On s’en souvient en noir et blanc. À travers les photos de Doisneau, le cinéma de Georges Lautner et une levée de coude entre Blier et Ventura. Oui, on se rappelle l’argot des bistrots dans l’art et les salles noires. C’était une époque où les estaminets fumaient encore et les bars pouvaient s’appeler «assommoir». Littéralement
«la boutique où l’on vend des liqueurs vitriolées», ainsi qu’on peut le lire dans
L’argot du bistrot (La Table ronde), de Robert Giraud.
«Ce livre est une tournée des grands-ducs au royaume des mots perdus sans collier», écrit Sébastien Lapaque dans la préface de ce copieux abécédaire. La laisse passée au cou des expressions permet de retrouver leurs définitions. Et plus encore de rappeler leur actualité. Il existe en effet toujours des
«buvaillons», ces
«petits buveurs qui ne supportent pas la boisson» ou bien encore les soûlards qui, une fois complètement rincés, se retrouvent à
«bader». Ou pour le dire plus clairement:
«vomir». En général, sur le trottoir...
On apprécie d’autant plus l’ouvrage qu’il revivifie la langue verte. Connaissez-vous donc les cousins du café? Ils s’appelaient
«cafemar, cafeton, cafio, cahoua, cahoudji». Qu’en est-il des
«chopottes», «goulottes»? Il s’agissait des jumelles de la
«bouteille».
«L’huile blonde», quant à elle, qualifiait
«la bière» ; le
«couillotin», l’autre nom du
«vin». Sans oublier
«jaja», ce vin rouge qui se pompait à même le biberon.
Voulez-vous un «asticot de cercueil»?
À sa lecture, c’est un monde complètement surréaliste qui resurgit. On découvre en effet des expressions d’aujourd’hui, mais prises dans un tout autre sens. Voyez plutôt:
«chauffer le four» signifiait
«boire beaucoup» ;
«prendre un bain» était une autre manière de dire
«s’enivrer» ;
«remonter l’ascenseur» indiquait au consommateur qu’on allait
«remplir les verres» et
«sucer une pêche» était un synonyme de
«boire un verre».
Et puis en remontant le temps, l’ouvrage dépoussière des locutions d’hier. Si
«ne pas être seul» pouvait signifier
«être ivre», on apprend autrement que
«boire en suisse, faire suisse», signifiait
«boire seul». Curieux? Et encore vous n’avez rien lu. Saviez-vous que l’on pouvait employer la formulation
«apoplexie de cochon» pour parler d’une
«soûlographie d’importance»? Ou bien que les étudiants parisiens usaient de l’image
«asticot de cercueil» pour désigner le
«verre de bière»? De quoi passer l’envie de boire...
Même si là encore, on ne manquait jamais de mots pour se couper la soif.
«Faire tintin ballon» signifiait ainsi
«être privé de vin».
«Sucer une pêche», «boire en suisse»... Connaissez-vous ces mots de la langue verte? Le Figaro vous propose de le découvrir grâce au livre L’argot du bistrot de Robert Giraud.
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