Je ne sais plus qui a parlé de la langue du coeur. Nous, c'est complètement notre choix. C'est à dire la langue de la spontanéité, de la communication affective. Donner des atouts pour l'avenir n'est certes pas négligeable mais parler à son enfant, ça va bien au-delà.
L'autre aspect est que chaque contexte est différent. Bien sur le principe de parler à égalité les deux langues des parents est la base mais d'autres facteurs entrent en jeu : l'environnement (quelle langue est minoritaire donc potentiellement plus faible, langue supplémentaire), l'intercompréhension ou non des parents dans toutes les langues (fluidité de communication dans la famille), famille au sens élargie (langues supplémentaires ?), ... .
Dans notre cas, il s'agit du français et du cantonais.
Mon mari parle très correctement mandarin (et je le le connais aussi) mais nous avons choisi le cantonais sans hésitation car c'est "sa" langue. Bien sur, le fait que ses racines principales soient Hk où le cantonais est encore à l'heure actuelle langue majeure facilite la décision. Néanmoins, nous sommes conscients de l'importance du mandarin et on essaiera de le greffer plus tard, c'est juste que le cantonais est la langue de la famille, la langue du coeur.
Nous vivons actuellement en France et le chinois est la langue du papa (donc théoriquement plus faible en temps d'échanges), par conséquent, nous avons choisi de renforcer le cantonais en le considérant comme langue de la famille (je m'y étais mise bien avant ma grossesse, c'était un choix). C'est à dire que nous avons un peu adapté le principe "chacun parle sa langue" et que, quand nous sommes tous les trois, tout le monde parle cantonais y compris moi. mon mari parle tout le temps cantonais et moi je ne lui parle que français quand je suis seule avec lui.
Il aura 3 ans dans 2 mois et ça se passe super bien. Niveau égal dans les deux langues et plein de plaisir à parler les 2 langues.
Pas de bataille pour lui faire parler la langue choisie, je ne l'ai jamais forcé et je ne l'ai jamais bloqué quand il me répondait en chinois (pas très souvent mais j'ai compris assez rapidement que c'était un pb de difficulté de prononciation - au début le chinois est parfois plus facile que le français en termes de sons - et quand il n'y arrivait pas, il prenait le mot qu'il maîtrisait). Pareil, il lui est arrivé de dire qq mots en français à son papa. En fait, c'était vraiment quand il ne savait pas : maintenant, il a changé de tactique et demande dans la langue où il lui manque le mot sans jamais se tromper de personne - y compris avec moi qui lui parle les 2 langues. Il a très bien compris que référence en chinois = papa même si je le parle aussi et français = maman même si papa comprend et intervient directement dans les conversations. Il a très bien compris les contextes papa = chinois / maman avec papa = chinois, maman sans papa = français.
C'est très affectif tout ça : quand je dis qu'on parle cantonais ensemble, il a quand même la liberté de choisir si dans la situation ensemble c'est momentanément plutôt avec moi : il joue super bien le jeu - par ex en rando en montagne, tout d'un coup, il va me prendre la main et se mettre qu'avec moi parce qu'il a soudainement envie de parler français juste avec moi ! ; en ce moment, son papa a changé d erythme et il l'attend plus tôt que l'heure à laquelle il arrive alors quand on rentre tout les deux, il dit très fort en chinois "on est rentré" pour faire venir la présence de son papa. Puis il coninue en français pusique papa n'est pas là.
De notre expérience et d'un bouquin super intéressant que j'avais lu, j'en déduis que c'est le naturel, l'affectif et les contextes liés à chaque langue qui comptent le plus.
Donc même si je n'ai pas l'expérience concrète, je suis assez convaincue que les dialectes ou langues supplémentaires parlées par les grand parents ou autres membres de l'entourage ne sont pas un pb, au contraire (car c'est bien lié à un contexte séparé).
Maintenant, il ne nous reste plus qu'à relever le défi de la lecture (pire écriture). Si on reste en France, on sait bien que ce sera plus faible. Notre ambition est tout simplement qu'il "aime" lire (et pourquoi pas écrire) en chinois (quel que soit son futur niveau). On veut pas de forcing comme j'ai vu pas de chinois d'outremer y compris une cousine de mon mari de la brache outremer (du coup, elle parle même pas chinois tellement elle s'est opposée au cours d echinois du weekend vs langue familiale = anglais)
je crois vraiment qu'il faut voir son propre ressenti, sa capacité linguistique et les objectifs de communication au sein de la famille. Et faire les choses simplement en fonction de son propre cas. Et, après, l'avenir est ouvert.
La petite, pas encore 2 ans, comprend toutes les langues mais n'en parle aucune pour le moment.
j'attends de voir ses progrès pour me faire un avis.
je pense qu'il faut faire attention avec les progrès selon l'âge. chaque individu est différent et le langage, c'est comme la marche, il y a les enfants qui développent cette acquisition tôt et d'autres tard (qu'ils soient monolingues ou multilingues).