VALEO : « La Chine représentera bientôt 25% du chiffre d’affaires de Valeo »
Jacques Aschenbroich - Directeur général
26/09/14 à 17:40 - Investir.fr 0
Commentaire(s)
Le patron de Valeo décrypte les grandes mutations, technologiques ou géographiques, du secteur automobile. Il affiche également sa confiance dans les perspectives de l’équipementier.
Jacques Aschenbroich, Directeur général de Valeo | Crédits photo : Patrick Lazic
Dans une semaine s’ouvrira le Mondial de l’automobile à Paris. On a le sentiment d’un bouillonnement d’innovations exceptionnel, est-ce votre avis ?
Je ne parlerais pas d’un bouillonnement, qui laisserait à penser que l’on va dans toutes les directions, je préfère évoquer une effervescence d’innovations. Nous réalisons seuls ou en partenariats avec nos clients, les constructeurs automobiles, de très nombreuses études de marché auprès des consommateurs. Deux préoccupations principales ressortent depuis environ cinq ans. La première concerne la réduction des émissions de CO2 pour des raisons environnementales en Europe. Plus pour des motifs liés à la consommation de carburant aux
Etats-Unis. La seconde est ce que nous avons appelé la conduite intuitive. Cela recouvre les aides à la conduite, au stationnement, la voiture autonome…
Les constructeurs, également aiguillonnés par la réglementation, en particulier, dans le domaine des émissions polluantes, doivent relever ce double défi avec une contrainte supplémentaire : le faire à un prix abordable. Il y a donc un énorme besoin de recherche-développement et d’innovation.
Ce n’est donc pas un hasard si nous avons mis l’accent sur ces deux domaines depuis des années et cela se traduit dans nos prises de commandes, qui augmentent régulièrement depuis la crise de 2007-2008. Elles ont encore crû de 25 % au premier semestre, pour atteindre 9 milliards. Soit autant que ce que nous avions enregistré en 2008 sur une année entière. Pratiquement 100 % de notre activité est orientée vers ces deux problématiques. Par exemple, dans l’éclairage, l’utilisation des LED joue sur la consommation grâce à un gain de poids et une moindre consommation électrique. Depuis 2008, notre budget R&D a régulièrement augmenté. Nous y consacrons 5,4 % de notre chiffre d’affaires si l’on raisonne en coût net, c’est-à-dire en déduisant la contribution des clients, le crédit impôt recherche…
Au Mondial de Paris, nous présenterons des concepts innovants aussi bien pour la réduction des émissions de CO2 que pour l’aide à la conduite.
On enregistre depuis le début de l’année une reprise du marché européen, après plusieurs années de déclin. Cette remontée vous paraît-elle durable ?
Le marché européen va mieux, mais ce rebond reste très limité et s’observe à partir d’un niveau très bas, inférieur de 20 % à ce qu’il était avant la crise. La situation est totalement différente aux
Etats-Unis, où la production automobile dépasse de 10 % les chiffres d’avant-crise.
Je ne pense pas que, dans les années qui viennent, on assistera à une reprise significative en Europe. Le scénario le plus crédible est que la croissance de la production automobile suivra l’évolution du PIB de la
zone euro. L’an dernier, le marché européen a été stable et, cette année, nous attendons une croissance de la production automobile de l’ordre de 2 % alors que, au niveau mondial, nous anticipons une croissance d’environ 3 %. Cela n’a pas empêché
Valeo, grâce à ses innovations, d’enregistrer une progression de ses ventes de 7 % en Europe l’an dernier et, cette année, nous ambitionnons d’afficher une croissance de 6 points supérieure à celle du marché.
Quand on regarde les grandes zones automobiles, on constate que l’Amérique du Nord reste en croissance forte, que l’Europe, nous l’avons dit, affiche une faible progression, que le
Japon surprend grâce à la dévaluation du
yen, qui lui a redonné de la compétitivité. La
Chine, de son côté, reste extrêmement brillante, avec une croissance à deux chiffres, et l’Inde se redresse.
Restent deux zones difficiles : l’Amérique du Sud et la
Russie. Par exemple, la production a baissé de 17 % au
Brésil au premier semestre et je ne crois pas qu’il puisse y avoir une amélioration sur l’année. Mais ces deux marchés ne représentent au total que 5 millions de véhicules produits, soit 6 % seulement du marché mondial.
La Chine peut-elle continuer à progresser sur le même rythme ?
Ce qui impressionne, c’est que la croissance a été quasiment linéaire. Le contrôle des autorités chinoises sur la croissance du pays a été très efficace. Année après année, le dynamisme de l’industrie automobile de ce pays surprend et je n’anticipe pas de ralentissement dans les quelques années qui viennent. Pour une raison simple : le nombre de véhicules pour 1.000 habitants y est deux fois moins important que la moyenne mondiale. Bientôt, la
Chine représentera 25 % de notre chiffre d’affaires. L’Asie dans son ensemble assure déjà 40 % de nos prises de commandes.