Désolé de détourner le détournement de conversation pour revenir au sujet initial
Repassant par ici, et lisant tout le thread, on s'aperçoit d'une chose : à part Guilhem, tous ceux qui ont répondu sont en Chine (ou presque pour les 4). Je vais donc donner mon point de vue qui est un poil différent. Pour tous ceux qui ne se rappellent pas de moi (ou tout bêtement qui sont arrivés après mon départ), nous (ma femme et moi) sommes arrivés à Shanghaï fin février 2005, et sommes repartis mi-mars 2007, il y a un peu plus d'un an donc. Je suis parti sur proposition de mon entreprise, ma femme ne travaillait pas en France, et n'a pas plus travaillé en Chine. Pour ma part, je suis parti pour voir ce qu'était de travailler avec un des pôles montant de l'offshore dans mon secteur, et ilôter autour en touriste. En rentrant, j'ai normalement retrouvé mon poste, et pour être franc, niveau financier, c'était bien mais pas l'eldorado non plus. Je n'en dit pas plus, de toute façon, je pourrais m'étaler, ça n'empêchera pas les habituels de nous balancer leurs préjugés à la face.
Pour nous, rester ou partir, la question ne se posait pas vraiment, vu qu'un diabète type 1 s'est déclaré chez ma femme pendant l'expatriation, et il vaut mieux être en France pour le traitement (facilité à trouver les médicaments, diabétos compétents dans la bonne langue...). Il n'empêche que même sans ça, on serait rentré quand même. Soyons synthétiques :
Avoir un meilleur niveau de vie est différent d'avoir une meilleure qualité de vie
Forcément à Shanghaï, si on veut voir pleins de films, on les trouve à pas cher dans la rue, pour à peine plus cher qu'un film téléchargé en France quoi (piratage pour piratage). Par contre, il ne faut pas avoir envie d'aller au cinéma avec les 20 films étrangers qui sortent par an (et il faut voir l'état des bobines). Et surtout, il ne faut pas avoir envie de découvrir le cinéma chinois : à HK au moins tous les films chinois sont sous-titrés, mais les distributeurs HK ne sont pas distribués sur le mainland. Question livres aussi, ça reste difficile. Il faut faire les bourses aux livres entre expats, et pour les bouquins français, faut oublier. "Mais pourquoi ne pas lire des livres en chinois ?!?!?" s'exclamera themesser. Parce que conjuguer travail à temps très plein, vie de famille (et encore, on n'a pas d'enfants) et cours de chinois, ce n'est pas en deux ans qu'on a le niveau pour lire un livre. Pour la musique on repassera, on a notre lot de CDs d'Angela, de SHE, des Twins, de FIR, des Doubles (mais pas de Jay ni de Jo-lin, on a nos limites quand même), mais sinon, l'offre est restreinte... Tout ça pour en arriver à quoi ? Que même si on avait de quoi s'offrir plein de choses, ça ne rentre pas dans nos loisirs. Le pouvoir d'achat, c'est avoir l'argent, mais aussi avoir quelque chose à acheter. Donc effectivement, pour nous, ça voulait dire changer de pays pour faire nos achats loisirs.
Le village global
Internet avait (et a) une grosse part dans notre vie, et autant les vitesses sont bonnes, voire même très bonnes, en Chine intra-muros, autant pour le reste du monde, et en particulier la France, ça reste sportif. Quand il y a le net d'ailleurs, cf. pour les gens qui étaient là en janvier 2007.
Shanghaï, sa ville, ses habitants
Je n'ai pas de problèmes avec les chinois qui bousculent, fauchent (si si, ça existe), mendient à 3h du mat' en te lançant un gosse de 3 ans sur les pieds, rotent, ou se raclent la gorge. Le taxi est au prix du ticket de métro parisien, la flexibilité en plus, la vitesse en moins. Je m'en fiche, je me déplaçais à vélo de toute façon, sans lumières et sans plaque, un PV en deux ans pour avoir grillé un feu rouge. La ville en elle-même est... une ville avec beaucoup de grands immeubles, des vieux quartiers sympas et des chantiers très sympas. Wouhou. Sinon, rien de spécial, surtout pas grand chose à visiter au final vu l'étendu du truc. Y'a limite plus de choses à voir sur Putuoshan qu'à Shanghai, c'est quand même ballot.
La bouffe
Chinois au déjeuner avec les autres employés, cuisine française avec des ingrédients "locaux" au dîner. Tout le problème d'être diabétique, c'est de savoir ce qu'il y a dans la nourriture. Côté nourriture chinoise, plein de bonnes découvertes (préparation du potiron, les doufu, les xialongbao, shengjian...), les moins bonnes (manger son poisson aux baguettes, la cuisine sichuanaise...) et celle qu'on aimerait voir plus souvent (cuisine cantonnaise, et surtout... un peu de sucré). Le plus gros problème reste de découvrir. Là, la présence d'un autochtone (<=== normalement ça devrait en faire réagir un ou deux) est indispensable, mais c'est valable dans n'importe quel pays ou la cuisine (et la structure du repas d'ailleurs) est différente.
Au final, une conclusion s'impose : pas de quoi quitter la Chine, mais pas de quoi y finir notre vie non plus. Là on a tenté une expatriation différente, dans une contrée apparemment inconnue de beaucoup (ceux qui pensent Paris, Montpellier, Lyon... mais écrivent France) : le Loir et Cher, dans une petite ville de 5000 habitants (et toujours pour la même entreprise, en télétravail). La question reste donc ouverte.