La Turquie pilonne les forces kurdes en Syrie
INFOGRAPHIE - Tout en s'en prenant aux Kurdes, Ankara se dit prêt à une intervention au sol contre Daech et accueille des avions saoudiens.
Extrait : La Turquie a fait comprendre, ce week-end, qu'elle ne resterait pas spectatrice des grandes manœuvres qui agitent l'autre côté de sa frontière avec la Syrie, en particulier dans les environs d'Alep, au risque d'affaiblir les espoirs déjà minces d'une solution négociée.
Samedi et dimanche, son artillerie a tiré des dizaines d'obus contre les Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD), principale formation des Kurdes de Syrie. Ces derniers avancent depuis deux semaines dans la région d'Azaz, au nord d'Alep, à cinq kilomètres de la frontière turque. Une percée permise - et soutenue - par l'offensive récente du régime de Damas et de l'aviation russe contre les rebelles syriens dans cette zone.
Officiellement, l'armée turque a «riposté» à des tirs provenant d'en face, notamment des abords de l'aéroport militaire de Menagh, repris le 10 février par ces forces kurdes à des opposants islamistes. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, au moins deux miliciens kurdes auraient été tués. Ankara a annoncé dans la foulée avoir répliqué à d'autres tirs visant sa province d'Hatay, plus à l'ouest, et provenant cette fois-ci de positions de l'armée syrienne.
Mais en Turquie, pas plus que chez les différents belligérants en Syrie, personne n'est dupe des intentions d'Ankara: empêcher le PYD, émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) que la Turquie combat depuis plus de trente ans, de conquérir d'autres territoires le long de sa frontière, au détriment des rebelles soutenus par Ankara. Et de constituer,
in fine, un Kurdistan autonome dans le nord de la Syrie, que les Turcs considèrent comme une question quasi vitale.
Samedi, au moment où son armée pilonnait le PYD, le premier ministre Ahmet Davutoglu a pris un ton guerrier pour intimer aux forces kurdes - qualifiées de «terroristes» - l'ordre de «s'éloigner immédiatement d'Azaz et de ses environs» et «d'évacuer l'aéroport de Menagh». «La Turquie est déterminée à protéger ses frontières (...) et à préserver les opposants modérés, qui sont le seul espoir de la Syrie», a-t-il assené.
Un message adressé aux Kurdes, à Damas et Moscou, autant qu'aux États-Unis, qui voient le PYD comme un allié capable d'appuyer au sol leurs bombardements anti-Daech. Washington a d'ailleurs réagi très vite, exhortant Ankara à «cesser ses tirs», tandis que la France réclamait dimanche «
la cessation immédiate des bombardements (…) de la Turquie dans les zones kurdes».
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Source : LE FIGARO