Je lis ton post un peu en retard, désolé. En tous cas, merci d'avoir pris la peine de développer tes arguments en profondeur (même si je ne suis pas convaincu
)
Salut Phitheb,
J'espere que tu as passe de bonnes vacances!
Excellentes, merci. 3 semaines dans une cabane au bord d'un lac, sans eau ni électricité et quasi aucun internet. Ca fait du bien (bon pas trop longtemps quand même)
,
#1 Tout d'abord j'ai le sentiment que tu consideres ces personnes comme isolées, indépendantes de leur environnement, un peu comme un robot ou des atomes. Moi je pense qu'au contraire qu'il reste des hommes avec leurs forces, et leurs faiblesses, notamment lorsqu'il y a tellement d'argent, de pouvoir et d'impunité. Pour donner une comparaison (mais je sais que comparaison n'est pas raison), c'est un peu le meme type d'environnement qu'a la FIFA et au CIO, qui ont été marque par des conflits d'intérets/corruption, le tout avec un immense sentiment d'impunité.
Apres tout, sa pension de retraite généreuse d'ancien president de la commission devait justement le mettre a l'abri de telles tentations..
Barroso n'est pas un homme seul, certes certes, mais je ne vois pas le rapport avec le sujet qui nous préoccupe.
Et, oui, Barroso avait sans doute largement assez d'argent pour ne pas avoir besoin de pointer chez G-S, et pourtant, oui, il le fait quand même. Mais je ne vois absolument pas en quoi le fait que Barroso n'avait pas "besoin" de cet argent soit la preuve d'un complot caché ou d'un deal obscur secret. Lhistoire est, hélas, riche en exemple de gens déjà riches et qui ont pourtant cédé à l'appat d'un encore plus gros gain. Car si je suis ton raisonnement, alors un joueur de foot qui aurait trouvé un bon salaire dans un club n'aurait aucune raison d'aller trouver un encore plus gros salaire ailleurs (et pourtant ils le font tous). En résumé, le fait d'avoir de l'argent n'immunise pas de l'envie d'avoir encore plus, du moins pour certaines personnes (je veux quand même croire qu'il y a des hommes suffisamment intègres pour savoir se contenter de beaucoup sans chercher à avoir encore plus).
Si donc tu veux me faire dire que Barroso n'est sans doute pas un type très éthique ou, en tous cas, désintéressé, je suis prêt à te suivre. Mais je ne vois pas ce que tout cela à à voir avec une quelconque infiltration de G-S dans l'UE: Goldman Sachs a recruté un ancien haut responsable de l'UE, sans doute pour plein de brouzouf, et c'est sans doute le signe que le dit ancien responsable n'est pas quelqu'un de très glorieux...point barre.
Quant au fait que Barroso n'est pas "seul", je ne vois pas où est "l'infiltration" de G-S là dedans, à moins de sombrer dans les théories ultra-naïves du genre "Barroso a des réseaux et des amis à la commission, et G-S va téléguider Barroso qui va lui même téléguider tous ses amis, etc...". Et, même si on arrivait à adhérer à ce scenario digne d'un mauvais film d'Oliver Stone (un film d'Oliver Stone, quoi), il a méchamment "backfired" vus la volée de bois vert que s'est pris Barroso par la quasi-totalité des hauts responsable de l'UE et le bashing intense qu'il a subi de la part de tous les médias...Je ne vois pas trop ce qu'il va pouvoir téléguider après ça.
#2 J'ai peine a croire que l'on arrive a ce niveau de responsabilité sans etre accompagné par une sorte d'équipe ou d'administration (un peu comme on parle d' "administration Obama"), ou pour le moins de soutiens plus ou moins proches d'un point de vue hiérarchique/organisationnel. C'est déja comme le cas dans les groupes, lorsqu'un nouveau PDG est nommé, il est tres fréquent qu'il arrive avec "ses hommes" de confiance qui remplacent l'administration précédente. Tous les réseaux et pouvoirs d'influence de ces "fideles" nous dépasse complètement... Donc limiter ce problème de cette nomination au seul cas Barroso revient a réduire l'ampleur de ce scandale.
Ici également, je ne vois pas la pertinence de ton argument sur une quelconque infiltration de G-S dans l'UE.
Car même si Barroso était effectivement accompagné de ses hommes de confiance et de son réseau quand il était haut responsable de l'UE, tu dis toi même que ces hommes et ces réseaux vont être remplacés par l'équipe qui lui succèdera, donc il n'a plus personne à "téléguider" dans la maison.
Et si, comme tu le dis, son arrivée à G-S s'accompagne de celles de ses "fidèles", so what? Si ces "fidèles" ne sont plus dans les hautes sphères de l'UE, où est l'infiltration?
Et puis, même si ton argument tenait la route, alors il devrait *également* être appliqué à *tous* les anciens responsables de l'UE qui entament ensuite une nouvelle carrière, et pas seulement aux très rares qui vont chez GS. Eux aussi devraient donc être considérés avec leurs "fidèles", ce qui ne changerait pas, in fine la
proportion qu'aurait G-S parmi les "ex" hauts responsables de l'UE.
#3 Barroso a quand meme une sacrée réputation atlantiste, et ce depuis longtemps (il est passé de leader des étudiants Maoïstes portugais a étudiant a Georgetown en 1 an a peine) et son bilan lorsqu'il est a mon sens exceptionel, surtout qu'il a fait tout ca en a peine 2 ans!:
- il a annulé la commande portugaise de l'A400M pour acheter des avions américains a la place
- il a soutenu tres vivement l'invasion de l'Irak en 2003 au point d'organiser la conférences des Acores quelques jours avant l'invasion
- il a essaye de vendre la compagnie pétroliere nationale portugaise Galp de gré a gré au groupe Carlyle (lié a la famille Bush, et dont le CEO a l'époque était Frank Carlucci, ancien ambassadeur américain au Portugal au moment ou Barroso était leader des étudiants Maoïstes et a obtenu une bourse pour étudier a Georgetown - quel hasard ) /// Purée, pour un gars qui juste apres a été nomme President de la Commission Européenne - et donc censé diriger un ensemble politique qui "pese", et par consequent indépendant-, je trouve que c'est fort quand meme! Et ce mec est maintenant a la tete de la principale banque d'affaires américaine en Europe et on devrait trouver ca normal!
Là je dois dire que je ne comprends absolument pas l'argument.
Ce que tu fais implicitement ici c'est, de fait, l'équivalence entre "Atlantiste" et "infiltré par Goldman Sachs".
Que Barroso soit de tendance atlantiste, qu'il ait pris des mesures assez "libérales" dans le passé, oui je suis plutôt d'accord, but so what? Le courant atlantiste est un courant qui a toujours existé au sein de l'union, au côté de nombreux autres courants d'idée qui ont fait l'histoire de l'UE. Mais, encore une fois, quel est le rapport avec une infiltration de G-S dans l'union? Est ce à dire que tous les atlantistes sont des pions de G-S? Que l'idée atlantiste n'existerait que grâce aux brouzouf et aux manoeuvres de l'ombre des banques US?
Et
même si on te suivait dans cette description de Barroso-grand-méchant-libéral-atlantiste, la conclusion logique de ton argument serait qu'il était *déjà* ce grand-méchant
avant d'être embauché par G-S, et que cette embauche n'a donc *rien* changé à cela (à part le fait qu'il n'a maintenant plus de responsabilités à l'UE).
#4 Goldman Sachs influe les institutions européennes en finançant divers lobbys et think tank. Je sais que tu adores ce sujet, donc voici quelques sources:
http://www.telegraph.co.uk/news/201...n-union-campaign-is-part-funded-by-goldman-s/
http://www.ft.com/cms/s/0/b168d094-bfb1-11e5-9fdb-87b8d15baec2.html
https://www.cer.org.uk/corporate-donors#tabs
http://www.latribune.fr/economie/un...plie-ses-depenses-par-14-en-un-an-472742.html
Donc, le fait de recruter l'ancien président de la commission (ou tout autre ancien fonctionnaire de l'UE) ou de placer un de ses anciens employés est un acte qui n'est pas exactement innocent et désinteressé..
Mais qui a dit que le recrutement de Barroso était un acte "désintéressé" de G-S? Si G-S l'a recruté, c'est qu'elle y trouve un intérêt, c'est l'évidence (c'est d'ailleurs, il me semble, le principe même de n'importe quelle embauche dans une boîte: la boîte y trouve un intérêt. Je n'ai jamais entendu parler d'embauches "désintéressées" dans une entreprise). Mais je peux penser à quantité d'autres raisons pour cette embauche que "moi G-S je veux infiltrer l'UE grâce à Barroso"... Par ex., le simple prestige, en terme d'image, d'accrocher le nom "Barroso" à son tableau de chasse, ou la crédibilité que ce nom peut (à tord ou à raison) apporter à la boîte, etc...
Quant au fait que G-S fasse du lobbying auprès de l'UE, je suis bien prêt à le croire. Mais c'est un des lobbying parmi tant d'autres (le lobby des industries pétrolières, celui des industries chimiques ou cosmétiques, le lobby anti-nucléaire, le lobby nucléaire, le lobby pro ou anti avortement, le lobby pro-israélien, le lobby pro-palestinien, etc..., etc...).
Comprends moi bien, je suis moi aussi assez choqué de l'embauche de Barroso à Goldman Sachs. Je trouve ça assez lamentable. Mais c'est, pour moi, beaucoup plus lamentable du point de vue de Barroso (mettant en lumière un appât du (gros) gain assez malsain) que du point de vue de G-S (qu'un grand groupe international cherche à "accrocher" un nom prestigieux, après tout, c'est de bonne (ou mauvaise) guerre).