Géopolitique. L’électrification des mobilités sera-t-elle un accélérateur de la désindustrialisation européenne ?Par Yannick HARREL Consultant et chercheur en Cyberstratégie et Mobilités 3.0. Doctorant en ingénierie minière.
18 avril 2021
La lutte pour le marché de l’électromobilité est un déterminant du pivotement géopolitique qui a cours, penchant de plus en plus nettement vers le continent asiatique… Y. Harrel expose que l’électrification des mobilités, en dépit de réelles qualités, entraîne la disparition de tout un savoir-faire industriel européen tant par l’exclusion d’autres solutions technologiques que par l’absence d’approche systémique de cette transition imposée par les pouvoirs publics nationaux et européens.
Extrait : L’AVENEMENT de l’électromobilité est un phénomène dont l’accélération bouleverse nombre d’acteurs et d’usages du secteur des mobilités ayant eu cours depuis de nombreuses décennies. Il s’inscrit de la même manière dans une perspective géopolitique indirecte, avec la fourniture d’équipements comme de composants, et de plus en plus directe, avec la livraison de produits finis par des entités privées principalement asiatiques bénéficiant souvent d’un appui étatique discret. Ces dernières ont su investir et imposer leur savoir-faire, leur vision et leur puissance industrielle en fragilisant davantage les anciens tenants du secteur, majoritairement européens et américains, obligés pour survivre de s’allier, de fusionner, de se transformer ou de disparaître. La main mise asiatique sur les rouages névralgiques de l’électrification à grande échelle est l’une des facettes les moins visibles mais les plus actives du pivotement de domination mondiale de la zone Atlantique vers la zone Pacifique dont Tesla est l’arbre qui cache la forêt.
Le grand tournant de 2015
Conséquence des politiques incitatives et/ou restrictives nationales (aides à la conversion, système de bonus/malus, zones de circulation interdites aux véhicules thermiques, seuils d’émission de CO2 etc.), le marché mondial de l’électromobilité s’affiche en plein essor en dépit de la crise du coronavirus COVID-19 et d’un marché automobile globalement très morose : selon les chiffres de l’année 2020 [
1], les ventes de véhicules électriques ont ainsi enregistré +137% en Europe, +12% en Chine et +4% aux États-Unis tandis que les ventes globales ont reculé de -28% si l’on se réfère aux chiffres de Bloomberg.
Pourtant, derrière ce succès de l’électromobilité assisté artificiellement, se cache une réalité moins perceptible mais tout aussi réelle : celui de la grande bataille pour la mobilité de demain. Car si les constructeurs européens et américains dominaient outrageusement le marché mondial de l’automobile (à l’exception notable de Toyota), cette situation s’est grippée après 2015 et l’affaire du Dieselgate [
2] révélée par la «
United States Environmental Protection Agency ». L’hallali fut sonné envers le diesel en particulier puis à l’encontre de l’ensemble des véhicules à combustion interne, dits thermiques : frappés de tous les maux, ces derniers furent rapidement la cible de taxes et de limitations de circulation au profit des véhicules électriques ou électromobiles.
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La lutte pour le marché de l’électromobilité est un déterminant du pivotement géopolitique qui a cours, penchant de plus en plus nettement vers le (...)
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Analyse interessante de la part de monsieur Harrel , le constat de dependances est certes accablant pour l'Europe , une chose est cependant quasi certaine l'Allemagne tirera une fois de plus son epingle du jeu , ne serait ce que par sa position predominante en Chine , quand aux Etats Unis je ne m'inquiete pas vraiment pour eux non plus dans ce domaine ...