Je trouve cette application bien à contre-temps. Apparemment la réforme proposée date des années 1990, à un moment où, même si l'informatique était déjà bien utilisée dans certains métiers, elle était loin d'avoir l'importance qu'elle a acquise aujourd'hui dans la vie quotidienne.
Or les simplifications proposées dans l'article correspondent à des fautes facilement détectées par les correcteurs orthographiques. Ne pas se souvenir de la manière de l'écrire n'empêche donc finalement pas de produire un texte sans faute; produire un texte sans faute étant d'autant plus important que c'est encore un marqueur social.
De même, la simplification du chinois intervient à un moment où une partie non négligeable de la population était illettrée, et on écrivait forcément à la main. Or la simplification favorise nettement la mémorisation nécessaire pour l'écriture manuelle, pas tellement celle nécessaire pour la lecture (de mon point de vue d'étudiante en chinois). Avec le développement de l'informatique, son intérêt me paraît plus limité.
La simplification fait aussi partiellement perdre l'origine des caractères (les éléments qui le composent ne sont plus les mêmes) et ne permet pas de lire les textes plus anciens. A ce propos, je me demande quelle proportion des étudiants chinois savent lire les caractères traditionnels ?
Pour en revenir à la langue française, l'important pour moi n'est pas tellement cette réforme mais la manière d'enseigner l'orthographe. Le genre de fautes signalées dans l'article (nénufar / nénuphar) n'est pas très important et effectivement les enseignants ne devraient pas passer beaucoup de temps là-dessus, et plutôt se concentrer sur les erreurs qui correspondent à des confusions de sens ou de fonction des mots (a/à, ai/ais...)
je comprends ce que tu veux dire.
mais je ne parle que de contexte social, pas de technicité.
on peut ensuite évoquer beaucoup de préceptes liés à l’apprentissage d'une langue.
on me disait souvent que lire beaucoup, permettait d'apprendre à mieux écrire, par la répétition de lecture des mots compliqués.
oui et non.
certes je mémorise l'aspect physique d'un mot, mais cela ne m'aide pas à comprendre sa logique d'être ainsi.
exemple simple :
je sais lire un caractère chinois, je le vois, je l'ai mémorisé, je le lis.
mais quand je suis devant une feuille blanche, et que je souhaite l'écrire de mémoire, le caractère que j'arrive à lire, ne me revient qu'en visuel très flou dans ma mémoire, et je suis incapable de le reproduire parfaitement.
je n'ai pas compris la logique de création, je n'ai en moi que la logique de visualisation (et je te rejoins sur ce point pour les caractères complexes).
il en va de même, en français, pour les accords, les règles, les exceptions.
quels sont leurs origines et leurs pourquoi ?
qu'est-ce qui fait que même si je les visualise, je sais les reproduire parfaitement (ou presque) sur une feuille blanche, en tenant pourtant compte de tous ces accords, règles, exceptions.
qu'est-ce qui m'a permis de le créer ?
est-ce qu'en développant une logique, une réflexion basée sur le français, j'ai aussi appris à mathématiser, architecturer mes écrits.
et même si je fais et ferai encore des erreurs, est-ce que je n'ai pas développé néanmoins un intellect et une envie d'apprendre/comprendre propre que je peux réemployer ailleurs, dans d'autres domaines ?
est-ce que simplifier une langue aurait un impact sur le développement intellectuel, de la logique, de la compréhension ?
est-ce qu'en simplifiant, les générations futures seront capables de comprendre les écrits des siècles derniers ?