Boris Johnson et Jeremy Hunt s’affrontent sur la date du Brexit
Dans quinze jours, l’un des deux sera premier ministre. Lors de leur premier débat télévisé, les rivaux conservateurs n’ont pas ménagé leurs attaques l’un envers l’autre.
Article : «Il est absolument vital que nous sortions de l’UE le 31 octobre, sinon l’hémorragie de la confiance se poursuivra.»
Boris Johnson a martelé à plusieurs reprises son engagement à mener à bien le Brexit dans le délai imparti. Une fermeté destinée à affaiblir la position de son concurrent Jeremy Hunt, beaucoup moins inflexible que lui sur la date. Johnson a raillé sa conception d’une «échéance de papier mâché» et l’a provoqué sur le flou de son calendrier: «Pourquoi pas Noël? Ça irait Noël?» À l’inverse, il a évité le piège tendu par Jeremy Hunt qui lui demandait s’il démissionnerait en cas d’échec à remplir sa promesse: «Je ne veux pas donner à l’UE une motivation pour nous refuser un accord».
» LIRE AUSSI - Boris Johnson-Jeremy Hunt: qui sont-ils, quels sont leurs programmes et qui va l’emporter?
À quinze jours de la désignation du futur leader du Parti conservateur par ses 160.000 adhérents, qui deviendra aussitôt premier ministre à la place de Theresa May, les deux candidats se sont affrontés mardi soir pour leur premier débat télévisé, sur la chaîne privée ITV. La date du débat elle-même a suscité des polémiques. La majorité des électeurs ayant déjà renvoyé leurs bulletins de vote, Jeremy Hunt aurait préféré que l’affrontement ait lieu plus tôt afin d’essayer d’inverser la tendance. Selon un sondage YouGov de la semaine dernière,
Boris Johnson est privilégié par 74 % des militants tory, contre 26 % à Jeremy Hunt. Ce dernier a eu beau jeu de rappeler qu’il était le favori du grand public, ce n’est pas le grand public qui choisit.
Suspendre le Parlement
Hunt s’est donc efforcé de se montrer plus sérieux et plus responsable que le chouchou de la base du parti. Il a alerté
des risques économiques d’un Brexit sans accord, s’est dit «prêt à faire des choses difficiles et impopulaires», donnant à son adversaire l’occasion de le traiter de «défaitiste». «Être premier ministre consiste à dire aux gens ce qu’ils doivent entendre, pas ce qu’ils veulent entendre, tu colportes l’optimisme», a affirmé Hunt à Johnson. Ce dernier l’a pris comme un compliment, lui qui se fait fort de «sortir ce pays de la roue de hamster de la déprime en mettant en œuvre le Brexit». Il n’exclut pas de suspendre le Parlement s’il s’oppose à son dessein. «La dernière fois que c’est arrivé, on a eu une guerre civile», a rétorqué Jeremy Hunt, en référence à la crise constitutionnelle anglaise du XVIIe siècle.
Boris Johnson a éludé nombre de questions. Il a refusé d’apporter son soutien à l’ambassadeur britannique à Washington Kim Darroch, au cœur d’une
vive polémique avec Donald Trump, après la publication de ses commentaires confidentiels peu flatteurs sur le président. Au contraire, il s’est targué de sa «bonne relation avec la Maison-Blanche».
Interrogés sur les qualités qu’ils trouvaient à leur adversaire, aucun des deux n’a trouvé d’amabilité l’un pour l’autre. «J’admire sa capacité à changer d’avis et à faire campagne pour le Brexit», a taclé Johnson à l’intention de son rival qui a voté pour rester au sein de l’UE au référendum de 2016. Ce dernier a, de son côté, fait mine de louer l’aptitude de son prédécesseur au Foreign Office à ne «pas répondre aux questions en affichant un sourire pour faire oublier la question - c’est bien pour un politicien, peut-être pas pour un premier ministre».
Ces échauffourées ont permis de voir enfin les deux candidats se confronter. Elles n’auront probablement pas fait changer d’avis grand monde parmi les adhérents conservateurs.
Dans quinze jours, l’un des deux sera premier ministre. Lors de leur premier débat télévisé, les rivaux conservateurs n’ont pas ménagé leurs attaques l’un envers l’autre.
www.lefigaro.fr