Loi assez dangereuse je trouve. Si nous voulons défendre nos valeurs face à l'obscurantisme, alors nous n'avons pas à compromettre ces valeurs.Version definitive adoptee de la loi sur le renseignement
Article Mediapart
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"L'Assemblée et le Sénat se sont mis d'accord, mardi 16 juin, sur une version définitive de la loi renseignement. Un texte voté dans une sorte d'indifférence générale et qui dote la France d'une des lois les plus intrusives d’Europe."
« Sous Sarkozy, il y aurait eu trois millions de manifestants, et Taubira devant », s’étonne le sénateur LR (ex-UMP), Claude Malhuret
"Si la politique est l'art de ne pas dire ce que l'on pense, Axelle Lemaire est une grande politique. Depuis trois mois, la secrétaire d'État au numérique s'est planquée pour ne pas avoir à commenter la loi renseignement. Elle a quand même dû s'y résoudre de temps en temps, du bout des lèvres. Sur LCI, le 27 avril, elle fait le minimum. Début juin, face à des spécialistes d'Internet et des opposants à la loi réunis par Thinkerview, elle énonce les éléments de langage gouvernementaux, paraît en difficulté. Normal : la secrétaire d’État n’est pas d’accord avec cette loi, mais elle s’est bien gardée de le dire.
Depuis que la loi sur le renseignement a été présentée Lien retiré, Axelle Lemaire porte sa croix. Les hébergeurs, dont les données seront désormais balayées par un algorithme, ont menacé de s’exiler. Les entrepreneurs du web l'ont étrillée, comme les défenseurs des libertés publiques. Elle, la juriste, l’ancienne secrétaire nationale du PS aux droits de l'homme, est devenue la caution numérique d'une loi sécuritaire. « J'ai fait la bonne élève mais je me suis posé la question de ma démission tous les jours », a-t-elle dit à ses anciens collègues députés qui se sont interrogés. Elle est quand même restée."
Bientôt, Axelle Lemaire va pouvoir souffler. La loi termine ces jours-ci son parcours parlementaire express – procédure d'urgence oblige – à l'Assemblée et au Sénat. Mardi 16 juin, les deux chambres se sont mises d'accord sur une version définitive qui fera l'objet d'un vote solennel le 24 juin. Il faut aller vite : les services secrets attendent avec impatience cette loi qui exauce leurs plus doux rêves. Alors que les États-Unis renoncent aux dispositifs d'écoutes les plus controversées du Patriot Act voté après le 11-Septembre, la France, dans l’émotion des attentats de Paris, est en passe de se doter d'un arsenal digne de Big Brother. Sans que les élus aient vraiment compris ce qu'ils ont voté, et avec la bénédiction des Français, qui semblent d'accord.
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Emmanuel Macron, ministre de tutelle du numérique, est resté bien silencieux. Alors que le PS Lien retiré contre des dispositions antiterroristes qui dessinaient, selon lui, une « France en libertés surveillées », ils sont nombreux au gouvernement à ne plus avoir d’états d’âme. C’est le cas de Marylise Lebranchu, la ministre de la fonction publique, garde des Sceaux de Lionel Jospin au moment du 11 septembre 2001.« Nous sommes en état de guerre. Et dans cette guerre, l’État de droit tel qu’on le rêve n’est pas adapté. »
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Les ministres réservés, les moins sécuritaires, se sont bien gardés de monter au créneau. S’opposer à une loi voulue par le duo exécutif, soutenue par l’opinion, juste après les attentats de Paris ? Personne n’a osé. « On a vu que ça puait, on est resté bien à l’écart », dit ce conseiller d’un ministre important. Un collègue assure qu’il n’a pas eu le temps de se plonger dans le texte, mais vante l’air de rien les mérites de la lettre d’Edward Snowden, le lanceur d’alerte à l’origine des révélations sur la NSA, parue dansLibération début juin. Lien retiré : « Pendant que vous lisez ceci, le gouvernement en prend connaissance. »
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En attendant, la France va se doter dans les prochaines semaines d’un des arsenaux de surveillance les plus intrusifs d’Europe. « On ouvre des portes sans savoir où elles peuvent mener, ni si les garanties que l’on met en place seront adaptées aux progrès technologiques. On fait cette erreur de croire que captant des millions d’informations, nous serons plus en sûreté », s’inquiète Christine Lazerges. Ces temps-ci, la présidente de la CNCDH se sent juste un peu seule. "
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Ceci étant dit, quand je vais rentrer de Chine, j'aurais quand même l'impression de repasser de la nuit au jour pour ce qui est de la censure d'Internet. Parce-que, même dans son worst-case-scenario, la nouvelle loi semble comme une douce blague par rapport au GFC (et le reste de la censure d'ailleurs: ah, les beaux écrans noirs sur la BBC hier soir; ça commençait à me manquer).
Mais cela n'excuse rien. Pour reprendre une analogie que j'ai usée jusqu'à la corde: ce n'est pas parce-que que quelqu'un d'autre a le SIDA qu'il ne faut pas soigner son rhume.