Extrait du journal Le Monde
« C’est une question dans l’absolu »
Anne Denis, responsable de la commission pour l’abolition de la peine de mort chez Amnesty International, interroge toutefois la façon dont la question est posée :
« C’est une question dans l’absolu qui appelle une réaction spontanée. Or, en ce qui concerne la peine de mort, la réponse spontanée, émotionnelle, est d’être pour : on se projette comme victime potentielle, on pense à ses enfants, à ses petits-enfants… Mais dans les missions d’éducation aux droits humains, à partir du moment où on introduit un élément de réflexion, on ouvre une lucarne qui fait que les gens ne considèrent plus normal d’exécuter quelqu’un. »
Voir le visual interactif :
Qui pratique la peine de mort dans le monde ?
Le retour de la peine de mort est à tout le moins extrêmement improbable : outre par sa Constitution, qui l’interdit, la France est tenue par la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, par deux protocoles du Conseil de l’Europe, par un protocole des Nations unies, par le traité de Lisbonne de l’Union européenne… De quoi mettre l’éteignoir sur les velléités d’un rétablissement, sauf pour le Front national. Sa présidente, Marine Le Pen, a redit le 8 janvier, le lendemain de l’attentat contre
Charlie Hebdo, qu’elle était
« personnellement favorable » à un référendum sur la question, qui prendrait la forme d’une alternative proposée aux Français entre le retour de la peine capitale et l’adoption de la
« perpétuité réelle », qui enlèverait au condamné visé toute possibilité de sortir un jour de prison. La mesure est inscrite au
Lien retiré.
Lire aussi :
Une France moins pessimiste où les idées du FN s’enracinent
L’abolition de la peine de mort en 1981 n’avait, du reste, pas clos le débat politique. L’Assemblée nationale
compte 22 propositions de loi pour le rétablissement de la peine capitale entre 1984 et 2004, dont six pour la seule année 1988. La dernière recensée, en 2004, a été déposée par Richard Dell’Agnola, alors député UMP du Val-de-Marne, et signée par 46 autres députés. Considérant la France en
« état de guerre » contre le terrorisme, l’élu estimait que le pays pouvait rétablir la peine de mort pour ces faits. Mais c’était avant que l’Hexagone devienne partie, en 2007, au protocole du Conseil de l’Europe et au pacte des Nations unies qui interdisent la peine de mort en toutes circonstances, y compris les conflits militaires.
Outre le cas français, la présidente de la coalition mondiale contre la peine de mort, Florence Bellivier,
s’est émue dans un entretien à Amnesty, le 6 mai, d’une
« période de telles convulsions économiques et de guerres que l’abolition [de la peine de mort dans les pays qui la pratiquent encore]
n’est pas considérée comme une priorité ». Et de citer, elle aussi,
« l’atmosphère générale » de la crainte du terrorisme qui
« repousse les limites de la moralité ».
VPN obligatoire pour lire l'article complet
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/societe/artic...en-2014_4630334_3224.html#tui6sTlqvu1Cy0uB.99