Covid-19 et expertise sanitaire Entretien avec Daniel Benamouzig directeur de recherche au CNRS et directeur de la chaire santé de Sciences Po.
par Florent Guénard & Jules Naudet / 1er juillet 2020
La pandémie a mis l’expertise scientifique en demeure de réagir très vite à une crise qui a surpris par son ampleur. D. Benamouzig, membre du Comité scientifique Covid-19, revient sur le rôle de cet organe consultatif dans l’épidémie et sur l’aide qu’il a apportée à la décision publique.
La Vie des idées : Sociologue, vous êtes membre du Conseil scientifique Covid-19, constitué en mars 2020 afin d’éclairer la décision publique dans la gestion de la pandémie. Quelle a été votre place dans un comité majoritairement composé de personnalités issues du monde médical ?
Daniel Benamouzig : Aux yeux du public, le Conseil scientifique Covid-19 est apparu de manière brutale, le 12 mars, lorsque le Président de la République a fait référence à cette instance en présentant aux Français une situation épidémique dramatique, et en adossant ses décisions aux avis du Conseil scientifique. Cette situation a constitué une entrée en matière particulièrement tendue.
Le Conseil scientifique a été créé quelques jours auparavant, sous la présidence du Pr. Jean-François Delfraissy. Composé en majorité de médecins, souvent expérimentés dans la gestion d’épidémies, en France ou à l’étranger, le comité a inclus des profils variés. L’anthropologue Laetitia Atlani-Duault et moi-même avons apporté un regard issu des sciences sociales. D’autres profils ont par la suite complété le groupe. La vice-présidente d’une grande association humanitaire, ATD Quart-Monde, et un spécialiste du numérique ont été associés à nos travaux. De sorte que la dynamique du groupe n’a jamais été exclusivement médicale. Cela correspondait au souhait et à l’expérience personnelle de Jean-François Delfraissy, qui avait en tête des crises précédentes, dans lesquelles il s’est fortement impliqué. L’épidémie de Sida a fortement mobilisé les sciences sociales, à travers l’analyse du vécu ou des mobilisations de patients. Dans la lutte contre la fièvre Ebola, l’anthropologie a favorisé une adaptation de rites funéraires contagieux. Enfin, les modalités ordinaires d’expertise sanitaire sont aujourd’hui interdisciplinaires et font couramment appel aux sciences sociales.
La participation de chercheurs en sciences sociales au comité est d’emblée apparue légitime aux autres membres du groupe, notamment aux médecins. Il aurait pu en être autrement car certains cercles médicaux restent peu familiers des sciences sociales, notamment à l’hôpital. Nous avons d’ailleurs essuyé quelques critiques publiques de médecins ne trouvant pas très sérieux d’inclure des spécialistes en sciences sociales dans un comité de scientifiques. À titre personnel, la participation des sciences sociales m’est apparue au contraire très banale. Une épidémie n’est pas un simple fait sanitaire, c’est aussi évidemment un fait social. Ayant depuis longtemps travaillé comme sociologue dans des instances d’expertise en santé, il m’a semblé de bonne pratique d’inclure des spécialistes en sciences sociales. C’était à mes yeux ordinaire, même si la situation a vite basculé vers l’extraordinaire.
Suite de l'entretien >>>
Inclure l'analyse sociale et comportementale dans le cadre d'une pandemie est essentiel c'est une evidence malgre les divisons larvees et les querelles de clochers ! Nous noterons egalement les cafouillages des medias dans leurs communications publiques reveles dans cet entretien , celles du gouvernement ne sont plus a mettre en exergue !
Entretien a parcourir dans tout les cas , car riche d'enseignement !
par Florent Guénard & Jules Naudet / 1er juillet 2020
La pandémie a mis l’expertise scientifique en demeure de réagir très vite à une crise qui a surpris par son ampleur. D. Benamouzig, membre du Comité scientifique Covid-19, revient sur le rôle de cet organe consultatif dans l’épidémie et sur l’aide qu’il a apportée à la décision publique.
La Vie des idées : Sociologue, vous êtes membre du Conseil scientifique Covid-19, constitué en mars 2020 afin d’éclairer la décision publique dans la gestion de la pandémie. Quelle a été votre place dans un comité majoritairement composé de personnalités issues du monde médical ?
Daniel Benamouzig : Aux yeux du public, le Conseil scientifique Covid-19 est apparu de manière brutale, le 12 mars, lorsque le Président de la République a fait référence à cette instance en présentant aux Français une situation épidémique dramatique, et en adossant ses décisions aux avis du Conseil scientifique. Cette situation a constitué une entrée en matière particulièrement tendue.
Le Conseil scientifique a été créé quelques jours auparavant, sous la présidence du Pr. Jean-François Delfraissy. Composé en majorité de médecins, souvent expérimentés dans la gestion d’épidémies, en France ou à l’étranger, le comité a inclus des profils variés. L’anthropologue Laetitia Atlani-Duault et moi-même avons apporté un regard issu des sciences sociales. D’autres profils ont par la suite complété le groupe. La vice-présidente d’une grande association humanitaire, ATD Quart-Monde, et un spécialiste du numérique ont été associés à nos travaux. De sorte que la dynamique du groupe n’a jamais été exclusivement médicale. Cela correspondait au souhait et à l’expérience personnelle de Jean-François Delfraissy, qui avait en tête des crises précédentes, dans lesquelles il s’est fortement impliqué. L’épidémie de Sida a fortement mobilisé les sciences sociales, à travers l’analyse du vécu ou des mobilisations de patients. Dans la lutte contre la fièvre Ebola, l’anthropologie a favorisé une adaptation de rites funéraires contagieux. Enfin, les modalités ordinaires d’expertise sanitaire sont aujourd’hui interdisciplinaires et font couramment appel aux sciences sociales.
La participation de chercheurs en sciences sociales au comité est d’emblée apparue légitime aux autres membres du groupe, notamment aux médecins. Il aurait pu en être autrement car certains cercles médicaux restent peu familiers des sciences sociales, notamment à l’hôpital. Nous avons d’ailleurs essuyé quelques critiques publiques de médecins ne trouvant pas très sérieux d’inclure des spécialistes en sciences sociales dans un comité de scientifiques. À titre personnel, la participation des sciences sociales m’est apparue au contraire très banale. Une épidémie n’est pas un simple fait sanitaire, c’est aussi évidemment un fait social. Ayant depuis longtemps travaillé comme sociologue dans des instances d’expertise en santé, il m’a semblé de bonne pratique d’inclure des spécialistes en sciences sociales. C’était à mes yeux ordinaire, même si la situation a vite basculé vers l’extraordinaire.
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Covid-19 et expertise sanitaire
La pandémie a mis l'expertise scientifique en demeure de réagir très vite à une crise qui a surpris par son ampleur. D. Benamouzig, membre du Comité scientifique Covid-19, revient sur le rôle de cet organe consultatif dans l'épidémie et sur l'aide qu'il a apportée à la décision publique. Daniel...
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Entretien a parcourir dans tout les cas , car riche d'enseignement !