Sans-abri, confinement et reconfinement par
Julien Damon / Directeur de la société de conseil Eclairs, professeur associé à Sciences Po
17 novembre 2020
Comment rester chez soi quand on ne dispose pas d’un chez-soi ? Comment traiter des personnes qui vivent dans l’espace public quand l’espace public doit être évacué ?
Extrait : La question des sans-domicile en période d’épidémie et de confinement déborde largement sur des préoccupations humanitaires et budgétaires, sur des considérations éthiques et de liberté publique . Plus concrètement, sont évoquées des idées de « droit au confinement » ou de « certificats de non-hébergement » pour les personnes restées dehors. Voyons, matériellement, ce qui s’est passé avec le confinement de printemps et ce qui s’est mis en place pour le confinement d’automne.
Observations et leçons du confinement
Au printemps 2020, l’épidémie de Covid-19 entraîna brutalement des décisions à prendre et souleva de nouveau des discussions sur les sans-abri et sur les politiques menées dans leur direction. Une mobilisation exceptionnelle permit de compenser des lacunes et de réduire des inquiétudes élevées.
Alors qu’une partie des bénévoles, généralement âgés, étaient confinés, il a fallu trouver d’autres personnes de bonne volonté. Les équipes professionnelles de travailleurs sociaux et les centres d’hébergement durent également gérer les craintes et contraintes de leurs personnels. Dans l’urgence du jour et dans l’incertitude de ce qu’il fallait faire, des opérations d’envergure produisirent leurs effets. Au plus haut de la responsabilité publique, alors qu’un état d’urgence sanitaire se mettait en place, il a été convenu d’agir, selon le mot d’Emmanuel Macron, « quoi qu’il en coûte ». Ce qui était inenvisageable quelques semaines plus tôt s’est décidé : usage possible de la réquisition pour augmenter l’offre d’accueil, prolongation jusqu’en juillet de la « trêve hivernale » qui interdit les expulsions.
Du chef de l’État à l’humble bénévole en passant par les élus locaux, il a fallu agir et innover. Collectivités territoriales, associations, organismes de logement social, services de l’État ont assuré la bonne marche, autant que faire se pouvait, d’un système de prise en charge ajusté. Qu’il s’agisse d’aide alimentaire, d’équipes allant au-devant des sans-abri (on parle de « maraudes ») ou de gestionnaires de résidences sociales, la période appelait des adaptations. Marginales ou structurelles, celles-ci ont autorisé une gestion de crise sans catastrophe. Non pas qu’il n’y ait rien à critiquer, mais l’ensemble, assez légitimement, a été collectivement salué.
En tout état de cause, la période aura montré qu’il était possible d’investir et de faire mieux. De 150 000 en début d’année, l’offre d’hébergement pour sans-domicile est passée à 180 000 au début de l’automne. Ce sont des centaines de millions d’euros qui ont été débloquées depuis début mars, venant s’ajouter à des sommes déjà substantielles (3 milliards d’euros par an pour l’hébergement des sans-domicile et des demandeurs d’asile). Les dispositifs, sans avoir été totalement désengorgés pendant la période de forte mobilisation, ont connu une pression décroissante. Il faut dire aussi que la fermeture des frontières a significativement limité la pression liée aux mouvements migratoires.
Suite de l'analyse >>>
Comment confiner dans leur logement ceux qui n'en ont pas? / Julien Damon
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L 'auteur de l'analyse fait reference au rocher de Sisyphe c'est tout a fait pertinement , comment resoudre une equation sans fin , sans une politique rigoureuse et adaptee notamment en ce qui concerne cet afflux de refugies et autres clandestins , a un moment le systeme social n'est plus en mesure de suivre il est en effet concu afin de repondre a une valeur d'echelle de population , or cet echelle n'est pas extensible et flexible indefiniment surtout dans une periode economique extremement difficile , a un moment le point de rupture est atteint , l'effort precedent est aneanti !
* Sisyphe : Comme souvent dans la mythologie grecque, défier les Dieux finit mal… Sisyphe fut ainsi condamné par les Juges des Enfers à faire rouler éternellement un énorme rocher jusqu’en haut d’une colline, sans jamais y parvenir : dès qu’il est près du sommet de la colline, il est rejeté en arrière par le poids du rocher qui roule jusqu’en bas : et il doit donc à nouveau le reprendre et tout recommencer…