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1. Manifestations
Le 15 avril 1989, mort de Hu Yaobang, ancien secrétaire général du Parti limogé en 1987 pour «
libéralisme bourgeois » alors qu’il personnifiait pour beaucoup les réformes. Son décès est l’occasion de rassemblements d’étudiants qui veulent honorer sa mémoire. Ils dénoncent la corruption et demandent la démocratisation du régime. Un éditorial du
Quotidien du peuple qualifiant les manifestants de «
perturbateurs réactionnaires » jette de l’huile sur le feu. De nombreux pékinois prennent part aux défilés dans une ambiance festive. Les plus grandes manifestations spontanées de l’histoire de Chine ont lieu à Pékin, avant de s’étendre au reste du pays.
2. Grève de la faim
13 mai. Les étudiants sont rejoints par toutes les couches de la population, journalistes compris, pour réclamer la démocratie. Plusieurs dizaines d’entre eux entament une grève de la faim sur la place Tian’anmen. Celle-ci se transforme en un vaste campement. Ils seront bientôt 2000 à 3000 à jeûner. Une coordination des étudiants s’organise, ainsi qu’un embryon de syndicat indépendant. La solidarité se met en place. La population apporte aux étudiants de l’eau, des objets et surtout des soins. Les revendications se multiplient et s’étendent.
3. Fraternisation
Le 19 mai, le secrétaire général du PC, Zhao ZiYang, se rend sur la place armé d’un mégaphone pour supplier les étudiants d’arrêter leur grève de la faim. Il admet qu’il «
arrive trop tard ». Le lendemain, il est destitué. La loi martiale est proclamée à Pékin. La grève de la faim s’arrête au bout d’une semaine. Le gouvernement envoie les soldats pour dégager la place. Mais les soldats font face à la population. Ils se retrouvent entourés, sermonnés et finissent par être repoussés par la foule. On assiste parfois à des scènes de fraternisation.
4. Déesse de la liberté
Un esprit de liberté règne à Pékin, tandis que le pouvoir donne l’impression d’être vacant. De nouvelles manifestations ont lieu. La place Tian’anmen est toujours occupée, mais le mouvement s’essouffle. Le premier ministre Li Peng paraît à la télévision pour assurer que la «
situation est stable » et qu’il y a « incompréhension » de la part des Pékinois. Le 29 mai, les étudiants des Beaux-Arts fabriquant une « déesse de la liberté » censée répliquer la statue de la liberté de New York. Ils l’érigent sur la place Tian’anmen. Une nouvelle intervention nocturne de fantassins désarmés est repoussée sans difficulté par la population.
5. Répression
Dans la journée du samedi 3 juin, une foule de Pékinois découvrent des bus remplis d’armes à proximité de Tian’anmen. Des échauffourées avec des soldats massés devant le parlement et devant le siège du pouvoir émaillent la journée. En début de soirée, les premiers tirs éclatent dans l’ouest de la ville. La foule à pied et à vélo, les mains vides, est visée par les tirs, mais se défend par tous les moyens. A l’aube, une colonne de chars écrase les tentes encore habitées sur la place, tandis qu’un dernier carré d’étudiants quitte la place en manifestant. La télévision nationale annonce que le chaos contre-révolutionnaire a été maté, faisant quelques dizaines de morts de chaque côté. Une liste noire des personnes les plus recherchées est diffusée. Une partie d’entre elles parvient à passer Hong Kong, encore colonie britannique, avant d’arriver en Occident. Le bilan des morts est alors évalué par les organisations de défense des droits de l’homme à au moins un millier. Arrestations et condamnations à des lourdes peines s’ensuivent dans tout le pays.
Extraits du livre D’Agnès Gaudu,
Chine, L’Empire déchiré, éd. Ramsay
Un autre article de la même auteure :
http://www.courrierinternational.com/article/2009/05/27/choses-vues-a-tian-anmen-0
"La population de Pékin se sentait à nouveau injuriée par le recours à l’armée, faite pour protéger le pays d’une agression extérieure, et non pour réprimer le peuple. Tout était en place pour la confrontation."
"Un soldat, retourné par la foule, l’haranguait en ces termes au carrefour de Xidan : "Lorsque j’ai pris mon revolver, il m’a semblé trop lourd dans ma main, beaucoup plus lourd que d’habitude. Je n’ai pas pu tirer. L'Armée populaire de libération ne tire pas sur le peuple." Il était acclamé."
"Au moins 1300 morts, selon Amnesty international, et probablement beaucoup plus, 200 officiellement, plusieurs milliers de blessés."
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727 morts à Tian’anmen selon un ancien de l'agence Xinhua
http://www.courrierinternational.co...tian-anmen-selon-un-ancien-de-l-agence-xinhua
http://www.courrierinternational.com/article/2005/06/01/dissidence-et-repression-depuis-1989