C’était mieux avant ? NON c’était juste différent, mais pas mieux
Le poète latin Horace en témoignait déjà il y a presque 2 000 ans.
Art poétique (_v. 173-174) : «
Mille incommodités assiègent le vieillard… Quinteux, râleur, vantant le temps passé, quand il était gosse, toujours à censurer les jeunes… »
Parmi de nombreuses imprécations antiques et atemporelles de Valerius Caton.
Poetae minores (v. 178-182.) : «
Est-ce ma faute si nous n’en sommes plus à l’âge d’or ? Il m’aurait mieux valu naître alors que la Nature était plus clémente. Ô sort cruel qui m’a fait venir trop tard, fils d’une race déshéritée ! »
Les lamentations de Juvénal
Satires (v. 69-70) : «
Déjà du temps d’Homère notre race baissait. La terre ne nourrit plus aujourd’hui que des hommes méchants et chétifs. »
Michel Serres
Chères Petites Poucettes, chers Petits Poucets, ne le dites pas à vos vieux dont je suis, c’est tellement mieux aujourd’hui : la paix, la longévité, les antalgiques, la paix, la Sécu, la paix, l’alimentation surveillée, la paix, l’hygiène et les soins palliatifs, la paix, ni service militaire ni peine de mort, la paix, le contrat naturel, la paix, les voyages, la paix, le travail allégé, la paix, les communications partagées, la paix…
la poétesse et philosophe américaine
Susan Stewart dans « Sur la nostalgie »
« Le passé auquel la nostalgie renvoie n’a jamais existé qu’en tant que récit. […] La nostalgie porte un visage distinctement utopique, un passé qui n’a de réalité qu’idéologique. » Nous nous raccrochons à ce passé fantasmé à chaque fois que l’avenir semble nous échapper. Mais, ce faisant, nous enfermons l’indétermination du futur dans l’image sclérosée d’un « âge d’or » rassurant… mais illusoire.
Le passéisme, ça vous parle ? C'est cette certitude que le monde tournait bien mieux avant, que l'humain avait de plus hautes aspirations, que l'intelligence n'avait pas encore capitulé... Contrairement à ce que pourrait laisser croire notre époque, le passéisme ne date pas d'aujourd'hui.
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Les radotages des « vieux »
« De mon temps, on recevait une orange à Noël »
« T’as pas connu la guerre ! »
« Quand j’étais petit(e), on s’amusait avec un simple bout de bois »
« Internet ? Pfff, on faisait bien sans, jusqu’à présent ! »
« Nous, on savait lire, écrire, compter
(et faire le café peut-être ?) dès la sortie de la maternelle. »
« Aujourd’hui, on n’apprend plus rien à l’école »
« Bla-bla-bla certificat d’études, bla-bla-bla bon point, bla-bla-bla tableau d’honneur… »
« T’as pas connu la faim ! »
« Vous, les jeunes… »
« T’as pas connu la crise ! »
« De mon temps… »
« Tu ne vas pas sortir habiller comme ça quand même ! »
(=en jean)
« De mon temps, on savait s’habiller. »
« Ils ne font plus de beaux vêtements/bons films/belles photos/bonnes chansons (…) comme avant »
« Au moins, avant, l’électroménager, c’était du solide »
« L’autre jour… »
(= il y a 15 ans)
« L’autre fois… »
(= il y a 25 ans)
« Jadis… »
(= il y a prescription !)
« Les jeunes d’aujourd’hui, ils n’ont aucune patience »
« La politesse se perd. »
« Il était bien, quand même, Maurice Chevalier. »
« …qu’est-ce qu’il devient ? On n’en entend plus parler ! »
« Tu te souviens de Marie-Hélène ? Mais si, réfléchis, idiote ! Tu l’as vue une fois dans ta vie, 3 jours après ta naissance… ! »
« Les jeunes d’aujourd’hui, ils n’ont aucune mémoire. »
« Les traditions se perdent. »
« C’était mieux avant »